Zemmour : les associations antiracistes pointent le rôle des médias

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Les associations antiracistes sont massivement montées au créneau jeudi, après les propos d’Éric Zemmour sur les musulmans, multipliant les annonces d’actions en justice et les appels aux médias pour qu’ils cessent leurs collaborations avec l’auteur du «Suicide français». Dans une lettre ouverte, plusieurs associations et personnalités politiques ou culturelles notamment ont appelé le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à «faire cesser la diffusion de la haine d’Éric Zemmour». «Aujourd’hui en France, un personnage à l’idéologie ouvertement raciste et anti-égalitaire peut répandre ses thèses dans un grand nombre de médias audiovisuels sans que cela ne semble émouvoir outre mesure», dénonce cette lettre, signée entre autres par le président de SOS Racisme Dominique Sopo, celui de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) Sacha Reingewirtz, et celui du Cran (Conseil représentatif des associations noires) Louis-Georges Tin. 

La lettre publiée par le Huffington Post compte une soixantaine de signatures, parmi lesquelles les sénatrices de Paris Bariza Kiari et Leïla Aichi, les comédiens Yvan Attal, Josiane Balasko et Michel Boujenah, ou encore Amirouche Laïdi (Club Averroès) ou Pierre Henry (France Terre d’Asile). Dénonçant l’«exceptionnelle promotion radiophonique», dont Éric Zemmour a bénéficié lors de la parution de son ouvrage «Le Suicide français», les signataires s’inquiètent de la «légitimité» que lui procure sa position de collaborateur régulier de plusieurs médias. Mercredi déjà, la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait demandé aux médias de «ne plus offrir de tribune» à Éric Zemmour. M. Zemmour intervient régulièrement sur les chaînes de télévision iTÉLÉ et Paris Première, ainsi que sur la radio RTL et dans les pages du «Figaro Magazine». Mercredi, la Société des journalistes de RTL s’était «désolidarisée» des propos du polémiste, estimant que ses prises de positions «ternissaient les valeurs défendues» par la station. Ce n’est pas la 1ère fois que le CSA est saisi sur des propos d’Éric Zemmour. En juin ainsi, il avait «mis fermement en garde» RTL après une chronique évoquant «les bandes» d’étrangers, «qui dévalisent, violentent ou dépouillent». Les médias se sont retrouvés dans le collimateur des associations après la diffusion d’un entretien au «Corriere della Sera» datant du 30 octobre, relayé récemment, dans lequel M. Zemmour déclarait que les musulmans «vivent entre eux, dans les banlieues» et que «les Français ont été obligés de les quitter». Même s’il a réfuté depuis avoir parlé de «déportation», comme l’affirme le texte de l’entretien, ses propos ont suscité une vague d’indignation, et Éric Zemmour a dénoncé jeudi «une manipulation fantastique». 

 

Pour l’UEJF, le problème est plus large, car «quand bien même Éric Zemmour n’aurait pas employé le terme de «déportation» dans cette interview, son propos stigmatisait clairement les musulmans de France, en envisageant leur expulsion en avion ou en bateau». De leur côté les organisations musulmanes se sont dites «profondément choquées par les récents propos haineux» de M. Zemmour. La Grande Mosquée de Paris (GMP), le Rassemblement des Musulmans de France et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) «ont d’ores et déjà demandé à leurs avocats de se pencher sur l’opportunité d’assigner Monsieur Éric Zemmour devant les tribunaux compétents», assurent les associations, qui ne rédigent qu’assez rarement des communiqués communs.Cette action devrait rejoindre les diverses actions  annoncées depuis mardi.