Zimbabwe: les radios indépendantes restent inexistantes dans la pratique (Amnesty)

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Les radios indépendantes, autorisées sur le papier au Zimbabwe, notamment dans la nouvelle Constitution de 2013, restent inexistantes dans la pratique, selon Amnesty International, qui appelle mercredi le pouvoir à ouvrir les ondes lors du prochain passage au numérique. 

«La liberté d’expression reste restreinte au Zimbabwe, principalement à cause du refus du gouvernement d’ouvrir véritablement les ondes pour favoriser un pluralisme d’opinions», constate l’ONG dans un rapport. Cela s’accompagne de «toute une série de violations des droits de l’Homme, harcèlement, intimidation, arrestations arbitraires, application sélective des lois et atteintes à la liberté d’association et de rassemblement à l’encontre des personnes réclamant des licences pour des radios associatives», ajoute Amnesty. Au moins 28 radios associatives indépendantes attendent une licence et aucune n’en a jamais reçue depuis la fin du monopole de la radio-publique ZBC en 2001, souligne Amnesty. 

A ce jour, 10 stations ont été autorisées mais toutes sont sous la coupe directe ou indirecte du pouvoir. «Deux sont des radios commerciales émettant nationalement, et huit sont des radios commerciales locales qui ont reçu leur licence en mars et n’ont pas encore commencé à émettre», explique Amnesty. «Ces 10 licences ont été accordées via cinq entreprises propriétés ou sous contrôle de l’Etat – Zimbabwe Newspapers Private Ltd, dont le gouvernement est actionnaire principal, et le groupe parapublic Kingstons Ltd – et via trois firmes détenues ou dirigées par des proches associés du parti au pouvoir», remarque le rapport. 

En 1997, deux télévisions indépendantes avaient été lancées: MABC, fermée dès l’année suivante, et Joy TV, débranchée en 2002. 

L’expérience de Radio Capital, première radio indépendante zimbabwéenne en 2000, fut également très brève, lancée en octobre puis perquisitionnée et fermée. 

Faute de pouvoir émettre librement, de nombreuses radios associatives diffusent des CD, ajoute le rapport, citant le cas de Radio Kwelaz. Le 17 juin 2014, des policiers avaient perquisitionné cette radio de Kwekwe (centre), saisi 16 ordinateurs et confisqué plus de 1.200 CD sur des sujets tels que le cancer, les violences sexuelles et l’éducation. Une bénévole et un responsable de la radio avaient été inquiétés l’année précédente, avant que les charges soient levées. 

Le rapport ne mentionne pas internet et les réseaux sociaux, qui sont les canaux d’expression privilégiés, avec les CD écoulés sous le manteau, par les humoristes de «Zambezi News», un faux journal télévisé satirique équivalent des «Guignols de l’Info» en France.