A. BRUGERE (CANAL+) : « Chaque programme jeunesse est pensé avant tout pour une diffusion sur myCANAL »

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Lancement de CANAL+kids, une chaîne à retrouver en direct et à la demande, pensée pour les 4-12 ans, et qui décline l’ADN de CANAL+ auprès d’un jeune public toujours plus exigeant : des sujets en prise avec le monde d’aujourd’hui, au cœur des préoccupations des enfants, traités avec de l’audace, de l’humour, et une liberté de ton. Dans quelle mesure le Groupe CANAL va-t-il investir dans la production de contenus pour les plus petits ? Entretien avec Audrey BRUGERE, Directrice des Unités de Programmes Séries étrangères et jeunesse du Groupe CANAL+.

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Exit CANAL+Family, bonjour CANAL+kids. Pourquoi ?

AUDREY BRUGERE

Cela fait plusieurs années que nous sommes montés en puissance sur la jeunesse dans le Groupe CANAL+. Nous avons augmenté nos investissements en cherchant à proposer à la fois des Ré-Créations Originales et des préachats exclusifs en animation. C’était le moment de lancer une chaîne 100% dédiée au jeune public, ce qui n’était pas le cas de CANAL+ Family qui avait une approche beaucoup plus familiale avec une entrée par l’adulte, et approvisionnée par de nombreux films. CANAL+kids est une offre 100% dédiée aux enfants 4-12 ans mixte qui peuvent la consommer de façon autonome et à n’importe quel moment de la journée. Nous proposons des programmes pour les petits (4-6 ans) et des contenus pour les plus grands (10-12 ans), notamment en ce qui concerne la fiction, le documentaire et les émissions.

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Comment avez-vous structuré la grille ?

AUDREY BRUGERE

5.000 heures de contenus sont déjà disponibles. Le 1er critère a été de retranscrire toute l’identité de CANAL+ sur la cible des plus jeunes. Nous sommes allés chercher des programmes exclusifs avec ce ton très CANAL : audace, humour, décalage et modernité. Nous avons mis en place ces éléments dans notre cahier des charges pour avoir la chaîne la plus premium et la plus différenciante de l’offre jeunesse en France.

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On sait l’importance pour les jeunes de se référer à des marques identifiées. Allez-vous dans ce sens ?

AUDREY BRUGERE

On a choisi en effet de conserver le socle des séries que nous avions lancé il y a quelques années. C’est le cas de «Molang» (Millimages) pour les plus petits. Une 5ème saison a été commandée avec 100 nouveaux épisodes destinés à notre chaîne. Même logique pour les plus grands avec «Kaeloo» (Cube Creative), une marque CANAL historique, que nous avons reconduit pour une 5ème saison. A cela s’ajoutent beaucoup de nouveautés. On parie aussi sur notre capacité à faire découvrir de nouvelles choses aux enfants, à travers CANAL+kids et myCANAL.

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Quelle est votre implication dans la production de séries d’animation ?

AUDREY BRUGERE

Chaque année, nous essayons de lancer 5 à 6 nouvelles séries (nouvelles saisons ou nouveautés). A ce jour, nous avons validé en production «La vie en slip» (Studio Redfrog) et «Les Croquemoutard» pour les plus grands, mais aussi l’adaptation des livres à succès «Kididoc» et «Comment ratatiner». En parallèle, nous développons 5 à 6 spéciaux de 26’ chaque saison. Nous adorons ces formats qui ont une écriture nouvelle. D’autre part, nous faisons de plus en plus de formats courts en animation (2 à 3/an). Enfin, nous avons lancé des développements sur des séries feuilletonantes, ce qui est assez nouveau pour le marché. Avec le délinéaire, il n’est plus nécessaire d’avoir forcément 52 épisodes avec une histoire autoportante. Nous pouvons emmener les enfants sur une série de 10 épisodes de 26’ comme un adulte, pour qu’ils s’attachent à des personnages et à leurs péripéties. Cela permet d’avoir des programmations événementielles sur myCANAL pendant les vacances scolaires.

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L’activité jeunesse du groupe est-elle concentrée uniquement sur CANAL+kids?

AUDREY BRUGERE

Non, nous avons aussi conservé les deux chaînes thématiques du groupe: piwi+ et télétoon+ qui fonctionnent très bien en France et à l’international. Chacune d’elles a été repositionnée afin qu’elles soient complémentaires à CANAL+kids.

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Les fictions jeunesse à l’international sont-elles rares ?

AUDREY BRUGERE

On a acquis beaucoup de séries à l’international. C’est le cas de «Hoodie», une série belge sur l’histoire d’un jeune garçon qui fait du parkour, un sport urbain (style Yamakasi). Nous avons lancé «Les derniers rescapés», une série fantastique diffusée sur Hulu. Nous avons aussi acheté la 4ème saison de «La méthode Flore», une série néerlandaise sur le registre de l’humour. On monte aussi sur des préachats européens. En ce sens, nous travaillons sur «Silverpoint», un préachat auprès de Zodiak Kids, en collaboration avec la BBC et la ZDF. De plus en plus de producteurs français nous proposent des séries avec des partenaires anglais ou américains, ce qui leur permet de monter des coproductions internationales. Dans les 12 mois à venir, nous voulons poursuivre ce travail, et pourquoi pas un jour proposer une fiction jeunesse 100% française. Les producteurs en ont envie, nous aussi. On a commencé une 1ère incursion à travers le format court en faisant «A nous l’Histoire» (JAAD Productions), une série écrite par Grand Corps Malade et Mehdi Idir, dans laquelle 5 jeunes acteurs retracent de grands événements historiques.

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Vous croyez encore aux programmes jeunesse incarnés ?

AUDREY BRUGERE

Nous envisageons ce type de programmes. Les enfants aiment avoir un copain qu’ils retrouvent régulièrement à l’antenne ou sur le délinéaire. Pour  «Sports Kids», un  magazine à destination des 6/12 ans, créé avec le service des sports de CANAL+, Pauline Sanzey incarne ce programme. Nous travaillons aussi sur des thématiques pop-culture. Nous avons une émission sur la musique, «Dans le studio» (SPOA), où des artistes rencontrent des enfants et leur racontent comment est née leur vocation, comment ils se sont autorisés à devenir chanteurs ou musiciens. On travaille aussi sur un format plus culturel avec comme point de départ le cinéma, les sorties, les tournages.

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Le délinéaire, un point clé pour vous ?

AUDREY BRUGERE

C’est une des priorités ! A chaque fois que nous créons un programme, nous le pensons avant tout pour une diffusion sur myCANAL. C’est le cas par exemple de nos documentaires pour le jeune public. On a vraiment pris le pari de leur raconter le monde qui les entoure avec «À bonne école» (Au Tableau Production) sur le harcèlement scolaire. Des enfants de 5e sont allés dans des collèges proposer à d’autres jeunes des méthodes pour lutter contre le harcèlement. Ils sont accompagnés par une marraine : l’humoriste Inès Reg. Dans «Le Voyage d’Adèle» (My Box Production), Adèle Castillon, jeune YouTubeuse de 15 ans, a réussi à décrocher une interview avec le Dalaï Lama. Notre axe est d’aller de plus en plus vers de la série documentaire.