Modération sur internet: vers un «dialogue dur et exigeant» dans l’UE, selon l’ambassadeur français pour le numérique

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L’entrée en vigueur prochaine de la législation européenne DSA va donner lieu à un «dialogue dur et exigeant» entre les grandes plateformes internet et les régulateurs dans l’Union européenne, a affirmé jeudi l’ambassadeur français pour le numérique, Henri Verdier.

Le DSA, qui va entrer en vigueur à partir de la mi-2023, vise notamment à endiguer la désinformation et les contenus haineux.

Il obligera les grandes plateformes à rendre des comptes sur la manière dont fonctionnent leurs algorithmes, qui déterminent ce que voient leurs utilisateurs.

Il contraindra ainsi les grandes plateformes à se faire auditer par des organismes indépendants, à évaluer les risques liés à leur utilisation auprès du régulateur national et à adopter des mesures pour les atténuer.

Le DSA n’a pas pour but d’imposer du jour au lendemain des sanctions, a expliqué Henri Verdier, lors d’une table ronde chez Avisa Partners, organisateur du Forum international de la cybersécurité de Lille.

Mais il va obliger «à un dialogue dur et exigeant, fondé sur des données et des faits, qui est fait pour construire un chemin d’amélioration progressive», a-t-il expliqué.

Le modèle suivi est largement inspiré du modèle des autorités administratives indépendantes française, comme la Cnil (protectrice de la vie privée sur internet), ou l’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms, a expliqué M. Verdier.

Le régulateur pourra par exemple dire à une plateforme: «Montrez-moi vos algorithmes de détection de la haine». Il pourra aussi lui «demander le nombre de ses modérateurs» et si ceux-ci «parlent vraiment bien la langue», a détaille M. Verdier.

L’Union européenne est en première ligne dans les efforts mondiaux pour limiter les dérives liées aux réseaux sociaux, qu’il s’agisse de la prolifération des contenus haineux ou d’incitation à des comportements dangereux pour la santé.

Le patron de TikTok, Shou Zi Chew, a rencontré le 10 janvier à Bruxelles trois commissaires européens Margrethe Vestager (Concurrence), Vera Jourova (Valeurs et transparence) et Didier Reynders (Justice) pour en discuter.

La modération des contenus a été aussi au coeur d’une rencontre entre Emmanuel Macron et Elon Musk, le nouveau propriétaire de Twitter, en décembre aux Etats-Unis.