A. GRIGOLINI (France Télévisions) : «Notre offre documentaire se construit dans le dialogue et la transparence»

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Première prise de parole officielle hier matin, auprès des producteurs, dans le cadre du Sunny Side of The Doc pour Antonio GRIGOLINI, Directeur de l’unité documentaire de France Télévisions, nommé il y a trois mois à peine. Pour Média+, il revient en détail sur les futurs chantiers éditoriaux que le groupe souhaite mettre en place sur les antennes du service public dès la rentrée. Rencontre.

MEDIA +

Pour commencer, quelle est votre vision pour l’unité documentaire de France Télévisions sous votre direction ?

ANTONIO GRIGOLINI

Le principal objectif consiste à renforcer notre offre. Le documentaire de service public a un rôle crucial à jouer dans les années à venir, d’autant plus que la demande est forte. Nous visons à accroître la visibilité du documentaire, à amplifier son impact et sa portée, et à travailler sur les innovations visuelles et narratives, tout en restant intransigeants sur le pacte documentaire qui nous lie aux téléspectateurs. Cela implique la poursuite de notre développement à l’international et nos efforts de coproduction. On souhaite aussi concevoir notre offre de manière convergente entre les contenus linéaires et non linéaires.

MEDIA +

Si vous aviez un mot à faire passer aux producteurs, que leur diriez-vous ?

ANTONIO GRIGOLINI

Surprenez-nous ! Car le public, lui aussi, a envie d’être surpris. Notre offre a la chance d’être variée en termes de sujets, de propositions d’auteurs et de points de vue. Il est important de continuer à sentir le pouls de la société.

MEDIA +

Comprenez-vous que les producteurs puissent être inquiets par ce changement de direction ?

ANTONIO GRIGOLINI

Notre offre se construit dans le dialogue et la transparence. Il n’y aura pas de chambardement. L’offre est fondamentalement solide. Mais il est important d’être toujours plus audacieux.

MEDIA +

Quand vous dîtes «audace», il s’agit de renforcer les documentaires à forte audience ?

ANTONIO GRIGOLINI

L’enjeu est bien plus large que la seule audience. Nous voulons travailler l’impact et la résonance et l’empreinte que nous laissons. Il s’agit également d’innovation, de paris éditoriaux que l’on a déjà réussis par le passé.

MEDIA +

Quelles sont les principales transformations que vous prévoyez d’apporter ?

ANTONIO GRIGOLINI

Tout d’abord, nous souhaitons donner une plus grande visibilité aux documentaires en première et deuxième partie de soirée sur France 2. Nous prévoyons d’élargir leur diffusion dès la rentrée de septembre, de manière sensible. Sur le documentaire d’Histoire, nous voulons poursuivre les engagements en Prime Time notamment sur France 3, avec une attention particulière au renouveau du savoir historique et au récit choral. Nous allons aussi historiciser des périodes plus récentes que les historiens appellent «histoire immédiate» ou «du temps présent» avec toujours un ancrage territorial au premier plan ou en toile de fond. Sur France 5, nous souhaitons clarifier la promesse de la case du lundi : raconter la relation entre l’Humain et le vivant. En plus de l’investigation, le documentaire animalier peut aussi jouer ce rôle. Sur tous nos rendez-vous, nous devons travailler l’innovation: formelle, visuelle, narrative. Sur Slash, on souhaite recentrer l’offre sur les étapes de vie des jeunes adultes pour être en résonance avec leur quête de sens, la pluralité et la recherche de dialogues et de confrontation d’expériences.

MEDIA +

Comment comptez-vous assurer un équilibre entre la production de documentaires à forte audience et ceux qui traitent de sujets plus niche?

ANTONIO GRIGOLINI

On ne se pose pas la question en termes de forte audience ou de niche. Nous cherchons à définir quelle est la meilleure offre documentaire pour le service public, tout en étant conscients des enjeux liés à nos audiences. Quelles sont les histoires que nous souhaitons raconter, comment allons-nous les raconter, afin de créer un maximum de résonance avec la société. Tout cela s’inscrit dans un cadre plus large qui inclut l’audience mais ne se limite pas à elle. Il existe aussi des enjeux liés à la conversation, à la consommation délinéarisée, à la capacité d’un documentaire d’aller jusqu’à changer le réel. Dans le cadre de l’année du documentaire, nous allons mettre en place des soirées et nuits thématiques sur France 2 et d’autres antennes à partir de la rentrée. Nous allons aussi mettre en ligne sur France.tv une collection spécifique qui reprendra les classiques du genre et des films primés. Autrement dit, à l’occasion de l’année du documentaire, nous voulons partager la passion du documentaire.

MEDIA +

Comptez-vous soutenir les jeunes talents et encourager la diversité dans la production de documentaires ?

ANTONIO GRIGOLINI

Tout-à-fait ! C’est crucial. Nous le faisons déjà dans nos rendez-vous. Nous allons créer une résidence avec la Scam et d’autres partenaires dans le cadre du Frames Festival à destination des jeunes auteurs. C’est un ensemble d’initiatives et d’attentions que l’on porte à la professionnalisation et la montée en puissance de jeunes talents qui est indispensable. Ils seront toujours les bienvenus chez nous.

MEDIA +

Quels sont les défis et opportunités majeurs pour l’unité documentaire de France Télévisions dans les prochaines années ?

ANTONIO GRIGOLINI

Nous avons l’opportunité de tirer parti de l’expertise de l’ensemble de la filière de production documentaire française. Nous avons la possibilité de présenter des visions d’avenir possibles, et d’aider notre public à mieux appréhender le futur. Cependant, les défis ne sont pas négligeables. L’émergence de concurrents bénéficiant de ressources incomparables, représente un défi de taille. De plus, face à la prolifération d’images du réel, le documentaire, avec son rythme, son point de vue et sa construction, peut nous aider à mieux naviguer dans cet océan d’images. Il nous offre l’opportunité de créer des moments de réflexion collectifs.