Amnesty accuse Facebook de «complicité» avec la censure au Vietnam

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L’ONG Amnesty International a accusé mercredi Facebook de «complicité» avec la censure mise en place par le Vietnam après que la plate-forme américaine a confirmé bloquer des contenus «jugés illégaux» par le régime communiste. Cette décision est «un tournant dévastateur», a estimé Amnesty International. «La suppression impitoyable de la liberté d’expression n’a rien de nouveau (au Vietnam), mais le changement de politique de Facebook les rend complices» de cette censure, a ajouté l’ONG. Facebook a confirmé mercredi dans un communiqué avoir été chargée par Hanoi de restreindre l’accès aux contenus «jugés illégaux». «Nous avons pris cette mesure pour garantir que nos services restent disponibles et utilisables pour des millions de personnes au Vietnam, qui en dépendent chaque jour», a déclaré un porte-parole de la société. Le gouvernement à parti unique multiplie les arrestations et condamnations d’opposants présents sur les réseaux sociaux depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 d’un nouvel exécutif conservateur. Et la pandémie de coronavirus ne fait qu’aggraver la situation. Plus de 650 utilisateurs de Facebook ont déjà été interrogés par les autorités vietnamiennes sur des publications en lien avec cette crise sanitaire et sa gestion par Hanoï, d’après les données d’Amnesty International. Plusieurs personnes se sont vu infliger des amendes, les autres étant contraintes d’effacer leur publication, et le gouvernement a présenté ce mois-ci un nouveau dispositif qui permettra de condamner encore plus facilement les critiques en ligne. Environ 10% des prisonniers politiques derrière les barreaux au Vietnam le sont en raison de leur activité sur Facebook, d’après Amnesty International. Plus de 53 millions de personnes au Vietnam, sur 95 millions d’habitants, utilisent Facebook.