Back Market, spécialiste français du téléphone reconditionné, entre dans le club fermé des licornes françaises

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Back Market, spécialiste français du téléphone reconditionné, est entré mardi dans le club fermé des licornes françaises – jeunes sociétés tech dont la valeur est estimée à plus d’un milliard de dollars -, après une levée de fonds de 276 millions d’euros. Mais la startup, qui vend des téléphones d’occasion nettoyés, réparés et remis en boîte, s’inquiète d’un projet de redevance qui «met en péril» sa filière. Si Back Market est inquiet, c’est pour les quelque 600 reconditionneurs français avec lesquels il travaille. Cette redevance risque de peser sur un «secteur qui fait assez peu de marge», dénonce Vianney Vaute, cofondateur et directeur de la création de l’entreprise. «Derrière la dynamique de tout le secteur, qui est réelle, c’est fou d’aller mettre en péril une filière française, locale, d’économie circulaire», ajoute-t-il. Selon Back Market, cette taxe pourrait représenter une quinzaine d’euros pour un smartphone d’une capacité de 64 GB. «Quand vous imposez 15 euros supplémentaires sur le coût, ce n’est pas du tout anecdotique (…), ça contribue à fragiliser des entreprises françaises dont le business est compliqué», a plaidé le cofondateur. Mais la start-up française créée en 2014 ne s’inquiète pas pour son propre avenir: déjà présente dans 13 pays et sur 3 ccontinents, elle compte profiter de cette levée de fonds pour poursuivre une expansion internationale inscrite «dans son ADN», selon M. Vaute. Back Market compte renforcer son implantation aux Etats-Unis et «continuer d’asseoir son leadership en Europe». Back Market avait levé 110 millions d’euros en mai 2020, après déjà 41 millions d’euros en 2018. Le dernier tour de table a vu deux fonds américains, General Atlantic et Generation Investment Management, rejoindre les investisseurs historiques Goldman Sachs, Eurazeo et Aglaé. L’entreprise ne détaille pas ses chiffres mais sa valorisation est aujourd’hui «supérieure à un milliard de dollars», a-t-elle confirmé mardi. Back Market a vu le nombre de ses clients exploser ces deux dernières années: ils sont 5 millions aujourd’hui contre 1,5 million en juillet 2019, souligne l’entreprise, qui emploie 480 personnes réparties entre Paris, Bordeaux, New York et Berlin et qui travaille aussi en Italie, en Espagne, en Belgique et au Japon. Le 1er confinement a été une aubaine: les ventes avaient dans un 1er temps baissé de 25% tous produits confondus avant de rebondir en force, grâce à une diversification qui a profité aux postes de télévision, aux consoles de jeux vidéo ou encore à l’électroménager. Un sondage de l’IFOP de décembre 2020 a confirmé cette tendance, relevant que 60% des Français avaient acheté ou avaient l’intention d’acheter un smartphone reconditionné, en hausse de 7 points par rapport à 2019 (53%). «Cette levée (de fonds) est évidemment une excellente nouvelle pour Back Market – et particulièrement pour son développement international», s’est félicité Thibaud Hug de Larauze, cofondateur et CEO de Back Market. Mais il refuse aussi de «sabrer le champagne» et demande au gouvernement des engagements «pour sécuriser le modèle économique» du secteur. «Le succès de Back Market s’est construit en France, avec ces reconditionneurs français aujourd’hui menacés». Le projet de taxer les téléphones reconditionnés en leur appliquant «une redevance copie privée», porté par le ministère de la Culture, ferait «augmenter le prix de vente des téléphones reconditionnés de plus de 10%», avait dénoncé en février le SIRRMIET, syndicat professionnel du secteur. «Condamner cette filière française du reconditionnement, c’est aussi attaquer frontalement le pouvoir d’achat des Français, au moment où il n’a jamais été aussi faible. Aujourd’hui à titre d’exemple, 40% des clients de Back Market sont dans des situations précaires», selon l’entreprise.