Brésil : la base d’Alcantara porte depuis des décennies les espoirs du pays en matière d’exploration spatiale

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La base d’Alcantara, qui a fait l’objet d’un accord lundi entre les Etats-Unis et le Brésil, porte depuis des décennies les espoirs du pays sud-américain en matière d’exploration spatiale, même si aucun satellite n’a jusque-là été mis en orbite. L’accord de coopération technologique passé avec Washington pour l’utilisation de la base par les Etats-Unis va permettre au Brésil de faire son entrée sur le marché des lancements de satellites qui, en 2017, a généré trois milliards de dollars, selon les chiffres de l’Administration fédérale américaine de l’aviation.

La base de 620 km2, dans l’Etat du Maranhao (nord), est idéalement située en raison de sa proximité de la ligne de l’équateur qui permet de réaliser des économies de combustible de l’ordre de 30% pour les lancements et d’embarquer des charges plus lourdes. Ces caractéristiques en font un potentiel concurrent du centre spatial franco-européen de Kourou, en Guyane française.

En 2000, sous le gouvernement du président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), le Brésil et les Etats-Unis étaient parvenus à un accord pour l’utilisation de la base d’Alcantara, finalement bloqué par le Congrès brésilien. Ce dernier estimait qu’un tel accord menaçait la souveraineté nationale en créant une zone qui serait de facto administrée par Washington. Signé à l’occasion de la visite du président Jair Bolsonaro à son homologue Donald Trump, le nouvel accord, qui devra encore être ratifié par les Parlements des deux pays, stipule que la zone sera finalement d’accès restreint.

Le ministre brésilien des Sciences et technologies, Marcos Pontes, a usé dimanche d’une comparaison pour expliquer le futur statut légal d’Alcantara : «Imaginez que vous emmenez une technologie dans votre chambre (d’hôtel). Vous avez la clé et moi, le propriétaire de l’hôtel, je peux entrer en cas de nécessité».

Le programme spatial brésilien a connu plusieurs échecs. En 2003, une fusée VSL avait explosé sur le pas de tir, causant la mort de 21 techniciens et la destruction d’une partie des installations.

Puis en 2015, la présidente Dilma Roussef (2011-2015) a mis fin à un accord avec l’Ukraine pour le lancement de satellites signé en 2003 par son prédécesseur Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010), en invoquant des changements dans les conditions technologiques et économiques.