Catherine CEYLAC, Journaliste, Animatrice et Productrice
A la tête de «Thé ou Café» depuis plus de 20 ans sur France 2, Catherine CEYLAC, Journaliste, Animatrice et Productrice, qui vient de sortir un nouveau livre, «A la vie, à la mort» aux éditions Flammarion, revient sur les moments forts de son émission et nous évoque sa vision de la télévision.
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L’intime est un sujet que vous évoquez depuis plus de 20 ans à la télévision. Quelle est votre approche ?
Catherine CEYLAC
Comme dans la vie, il faut avoir de l’écoute et de l’empathie. J’aime entendre les autres parce que je me nourris d’eux. On ne vit pas qu’avec son expérience mais aussi à travers celles des autres. Ça apporte beaucoup d’écouter les gens plutôt que d’être autocentré sur soi. Bien souvent, quand j’ai des décisions à prendre, je fais appel à ma mémoire et aux expériences de vie que j’ai pu entendre. Malheureusement, à la télévision, on écoute beaucoup trop les questions et pas assez les réponses.
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Trouvez-vous que l’on manque d’émissions de TV sans langue de bois ?
Catherine CEYLAC
Oui, parce qu’aujourd’hui tout est formaté. On a très peur de la parole, on craint que les propos soient sortis de leurs contextes. Ceux qui viennent à la télévision, à la radio ou dans les médias font très attention à ce qu’ils disent. Il y a 15 ans, les gens étaient beaucoup plus directs. A ce jour, il y a des communicants autour d’eux, des attachés de presse, et tout ce qui pourrait être repris d’une façon malveillante, ils le craignent. La parole, au lieu d’être libérée est au final assez bridée en raison des réseaux sociaux.
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Vous êtes la spécialiste du tête-à-tête, un format de plus en plus rare …
Catherine CEYLAC
C’est exact ! Mais je pense qu’on reviendra petit à petit au format du face à face. La différence avec les émissions collégiales, c’est qu’elles sont remplies de rubriques, de «privates jokes» où le public se trouve parfois un peu largué. Et s’il y a autant de public dans les émissions, c’est comme si on avait peur du silence. Une émission de télévision doit aussi avoir des temps et pourquoi pas des moments de silence. Cela fait partie de la vie. Je ne vois pas pourquoi on serait des robots à la télévision.
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En tant que productrice de «Thé ou Café», quelle est votre vision de la production ?
Catherine CEYLAC
L’émission est produite en interne. Je suis salariée de France 2. On dispose d’un budget très satisfaisant de 50.000 euros par numéro, salaires compris. Une douzaine de personnes travaillent dessus. Depuis 1996, nous avons reçu près de 2.000 invités. Quand on travaille pour une chaîne du service public, les personnalités conviées doivent apporter une sorte d’exemplarité. Quand on a démarré en 1996, on faisait 75% de part de marché. Aujourd’hui, nous sommes à près de 15%. Ce qui est honorable.
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Avez-vous déjà pensé à monter votre propre structure de production ?
Catherine CEYLAC
Pas vraiment. Il me semble que c’est un métier tout autre. Celui de gestionnaire. Pour ma part, je suis davantage dans la création. Je me sens bien dans la structure même de France Télévisions. J’ai vu beaucoup de gouvernances différentes. «Thé ou café» n’existerait sans doute plus si elle avait été produite par une société de production extérieure. La chaîne m’a donné du temps. Parmi mes autres envies, la réalisation de documentaires. Dans mon livre «A la vie, à la mort», 14 personnalités se confient sur la mort et racontent leurs moments où tout bascule. Je réfléchis à le décliner sous forme de documentaires.