C. SCHÖFER (Téva) : «Cultiver notre différence est plus essentiel que jamais»

À la tête de Téva depuis 2015, Catherine SCHÖFER continue de faire évoluer la chaîne avec une ligne éditoriale claire : un ton décalé, des héroïnes inspirantes et un humour omniprésent pour aborder les préoccupations sociétales. Entre le lancement de la fiction courte «Intérim’air», le développement des documentaires engagés et une stratégie digitale en pleine accélération, elle revient sur les ambitions de Téva dans un univers de plus en plus plateformisé.

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Chez Téva, vous fonctionnez beaucoup au coup de cœur pour les fictions courtes. Comment choisissez-vous vos projets ?

CATHERINE SCHÖFER

On nous propose régulièrement des projets de fictions courtes. Et c’est vrai qu’à chaque fois, c’est une histoire de coup de cœur : pour un pitch, pour un projet, pour la personne qui l’incarne. Très souvent, nous nous orientons vers des projets où l’auteur est également l’interprète. C’est une façon de garantir une grande sincérité et d’incarner pleinement la ligne éditoriale de la chaîne.

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«Intérim’air» qui débarque en quotidienne dès le 12 mai, incarne donc parfaitement cette philosophie?

CATHERINE SCHÖFER

Exactement ! C’est avant tout le projet de Joséphine Draï et de Justine Fraioli, sa productrice (Shine Fiction). Chez Téva, nous ne fonctionnons pas selon un cahier des charges strict. Je ne vais jamais dire : «Je cherche un programme autour du monde du travail». Nous nous laissons surprendre. «Intérim’air» est née dans la tête de Joséphine. Mais il correspond exactement à ce que nous aimons : un récit ancré dans le quotidien, qui bascule ensuite dans un décalage subtil, porté par une auteure-interprète avec un univers très fort. C’était déjà la dynamique de nos précédentes fictions courtes, comme «Vous les femmes», «Vie de mère» ou «Marie et les choses» : une écriture et une interprétation singulières et une situation très ancrée dans la réalité qui, à un moment, prend une tournure inattendue.

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Finalement, l’humour semble être devenu un pilier central de Téva ?

CATHERINE SCHÖFER

Oui, et cela s’est fait naturellement. Nous ne nous étions pas dit au lancement de Téva : «Tiens, faisons du programme court de fiction humoristique». C’est venu par envie, par coup de cœur. Aujourd’hui, l’humour irrigue la chaîne à travers nos captations de spectacles, et notre talk-show «Piquantes !» animé par une humoriste et comédienne entourée de chroniqueuses-humoristes. Nous aurions pu opter pour un talk plus journalistique, mais nous avons préféré cette voie qui permet de faire passer des messages sans se prendre au sérieux. Chez Téva, l’humour est devenu un vecteur fondamental pour transmettre du sens avec légèreté.

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Téva fêtera bientôt ses 30 ans. Comment définiriez-vous le lien que la chaîne entretient avec son public?

CATHERINE SCHÖFER

Téva s’adresse à un public féminin exigeant, qui aime trouver du sens dans ce qu’il regarde, sans que cela devienne pesant. Nous proposons des héroïnes qui inspirent, qui tirent vers le haut sans être parfaites, ce qui crée une forme de proximité décomplexée. C’était déjà le cas avec des séries comme «Sex and the City» ou «Ally McBeal», et aujourd’hui avec «Hacks», une série inédite formidable que nous diffusons depuis 4 saisons et qui a remporté plusieurs Emmy Awards et Golden Globes.

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À l’heure de la plateformisation des contenus, notamment via M6+, comment continuez-vous à affirmer l’identité de Téva ?

CATHERINE SCHÖFER

C’est une vraie question, et honnêtement, c’est presque plus facile aujourd’hui qu’avant ! Téva a eu la chance de se construire très tôt autour d’une promesse éditoriale claire : être la chaîne des femmes, avec une tonalité bien spécifique. Grâce à notre histoire, notre identité est solide et naturelle. Dans un écosystème où beaucoup de chaînes gratuites se ressemblent, nous, nous cultivons notre différence avec nos documentaires, notre humour, nos émissions… Nous restons un vrai repère pour notre public.

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Le plus difficile aujourd’hui, c’est finalement d’acquérir des séries ?

CATHERINE SCHÖFER

Oui, exactement ! Il y a moins de séries disponibles, et celles qui sont produites sont souvent réservées aux plateformes. Avant, nous pouvions trouver des séries plus confidentielles, un peu «pépites», qui avaient du mal à trouver leur place sur une grande chaîne commerciale. Aujourd’hui, ces séries sont absorbées par les plateformes dès leur création. Mais faites-nous confiance, nous arrivons encore à trouver des petits bijoux !

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Peut-on imaginer une offre Téva encore plus intégrée à M6+ ?

CATHERINE SCHÖFER

C’est déjà le cas. Téva est intégrée à M6+, mais pour accéder à l’ensemble de nos contenus, il faut être abonné. Sinon, un petit cadenas s’affiche. Cela dit, nos contenus bénéficient aussi de mises en avant sur le gratuit, notamment avec des épisodes ou des extraits qui servent de tremplin vers l’offre complète. C’est une vraie chance pour nous, car nous pouvons ainsi promouvoir Téva au sein du groupe M6.

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Quels sont vos projets de création originale ?

CATHERINE SCHÖFER

En fiction originale, «Intérim’air» est notre seule création cette année – ce qui en renforce la valeur et l’importance. Elle sera lancée le samedi 10 mai à 22h40 après «Piquantes», et sera ensuite diffusée en quotidienne à 20h50 à partir du 12 mai. Nous avons également plusieurs documentaires inédits qui arrivent. Parmi eux, un documentaire sur la soumission chimique, une enquête de fond, un documentaire plus léger sur la drague à l’ère post-MeToo et un autre «Au pouvoir et enceinte» sur le tabou hélas encore trop présent quand on veut concilier carrière politique et grossesse. Nous poursuivons aussi nos soirées film-débat, qui rencontrent un très beau succès, avec mercredi 21 mai à partir de 21h00, une soirée autour des pervers narcissiques avec la diffusion du film «Mon Roi», suivi d’un débat animé par Anaïs Bouton. Et bien sûr, notre talk-show «Piquantes !».