Robert de Niro, Scarlett Johansson, Tom Cruise, … Les grands noms du cinéma ont rendez-vous mardi 13 mai pour le 78e Festival de Cannes, qui ne pourra pas ignorer les échos d’un monde bouleversé par la présidence de Donald Trump aux Etats-Unis, les guerres ou l’essor de l’IA. Avec ce défilé de stars, le plus grand festival de cinéma au monde confirme son statut de vitrine du 7e art, après le triomphe aux Oscars des films découverts l’an dernier, de la Palme d’or «Anora» de l’Américain Sean Baker à la comédie musicale «Emilia Perez» du Français Jacques Audiard. C’est sur la Croisette qu’il faudra être pour découvrir en avant-première mondiale l’ultime volet de la saga «Mission : Impossible», le nouveau thriller de Spike Lee avec Denzel Washington ou voir Robert De Niro recevoir une Palme d’or d’honneur, à 81 ans. Juliette Binoche, actrice française à l’aura internationale et personnalité engagée, présidera le jury, aux côtés de l’actrice américaine Halle Berry ou de la romancière franco-marocaine Leïla Slimani. Vingt et un films sont en lice, dont «Jeunes mères» des frères Dardenne, rois belge du cinéma social en quête d’une 3ème Palme d’or historique, et «Alpha» de la Française Julia Ducournau, qui a embauché Tahar Rahim et Golshifteh Farahani et espère un 2ème titre, après celui obtenu pour le très gore «Titane». Autre habitué, l’Américain Wes Anderson revient en compétition pour «The Phoenician Scheme», encore au casting XXL avec Benicio del Toro et Mia Threapleton, la fille de Kate Winslet. Cannes joue aussi la carte du renouvellement avec des nouveaux venus comme l’Américain Ari Aster («Hérédité») qui a tourné «Eddington», au parfum de western moderne, avec Joaquin Phoenix et Pedro Pascal ou la Française Hafsia Herzi pour «La Petite Dernière». Elle est l’une des sept réalisatrices en lice pour la Palme d’or, ce qui permet au festival, sans parvenir à la parité, d’égaler son record de 2023. L’égalité femmes-hommes, comme la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, restent centrales dans le monde du cinéma huit ans après la vague #MeToo. A ce titre, la commission d’enquête de l’Assemblée française sur les violences sexuelles commises dans le secteur culturel a appelé le festival à faire évoluer les mentalités. Hasard du calendrier, la cérémonie d’ouverture se tiendra quelques heures après le délibéré très attendu du procès à Paris de l’acteur français Gérard Depardieu pour des agressions sexuelles lors d’un tournage. Les guerres et les tensions géopolitiques devraient elles aussi être dans tous les esprits pour cette 1ère édition du deuxième mandat de Donald Trump, qui inquiète notamment les artistes. Le président américain a mis le monde du cinéma en émoi en annonçant dimanche vouloir imposer des taxes de 100% sur les films étrangers, faisant planer l’incertitude sur l’avenir de productions largement mondialisées. L’Ukraine sera représentée par le réalisateur Sergei Loznitsa en compétition, où sont également retenues deux figures du cinéma iranien condamnées par le passé pour leur travail artistique, Jafar Panahi et Saeed Roustaee. Le cinéaste russe en exil Kirill Serebrennikov dévoilera quant à lui «La disparition de Josef Mengele» hors compétition. Plusieurs films évoqueront le Proche-Orient. Parmi eux, un documentaire dont la protagoniste principale, une photojournaliste palestinienne, a été tuée par un missile à Gaza mi-avril ou le dernier long-métrage de l’Israélien Nadav Lapid, réalisateur très critique de son pays. L’IA, dont l’essor fait craindre pour l’emploi de milliers de scénaristes, doubleurs, voire comédiens, promet également d’animer les conversations du Festival de Cannes. L’IA aura même une voix, celle de Mylène Farmer. La chanteuse française prête son timbre à une assistante virtuelle dans le film «Dalloway» du Français Yann Gozlan. Elle fera le déplacement dès la soirée d’ouverture, où elle a promis d’offrir une «performance exceptionnelle».