C. SCHALK (SIRTI) : «TV Segmentée : l’impact sur les médias locaux est encore limité»

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Alors que les résultats de l’étude d’impact sur la publicité segmentée en TV ont été rendus publics par le Gouvernement, le SIRTI a réaffirmé l’importance des règles actuelles d’encadrement. L’occasion pour média+ d’évoquer ces règles avec Christophe SCHALK, Président du SIRTI.

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Le Gouvernement a rendu public son premier bilan sur la TV Segmentée. Quel premier constat en tirez-vous ?

Christophe SCHALK

Nous constatons un retard du lancement de l’offre dû à la crise sanitaire, et une forte accélération du déploiement des offres de TV segmentée depuis cet été. Toutes les régies ont renchéri sur le sujet avec de nouvelles segmentations à la rentrée. Le sujet va monter en puissance à un moment où le marché publicitaire se tend. Il est donc plus que jamais nécessaire d’être vigilant sur les conditions d’application de la TV segmentée.

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Quelles sont les règles d’encadrement demandées par le SIRTI dans le cadre de la TV Segmentée ?

Christophe SCHALK

Les deux règles essentielles à respecter dans le cadre de la TV Segmentée sont, premièrement, l’interdiction pour le secteur de la distribution de faire des offres promotionnelles, et deuxièmement, l’impossibilité pour les spots de contenir une adresse locale explicite. Si aujourd’hui l’impact de la TV segmentée sur les médias locaux est encore limité, c’est bien parce que les offres ont intégré ces contraintes. Je vous rappelle que d’après l’étude d’impact publiée par la DGMIC, 75% des 20 plus gros annonceurs en radio locale appartiennent au secteur de la distribution, tandis que seulement 6% des campagnes menées en publicité TV segmentée en 2021 portaient sur ce secteur. Un décalage de chiffre qui en dit long sur l’importance vitale pour nos médias de ces interdictions. Par ailleurs, mentionner une adresse locale explicite doit rester l’apanage des radios et des autres médias de proximité, presse ou affichage pour maintenir un équilibre entre les différents médias. Ces deux contraintes conditionnent le maintien et le développement d’une offre de TV segmentée et ne doivent pas être levées.

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Le SIRTI demande aussi que des mesures soient appliquées aux plateformes de vidéo à la demande. Quelles en sont les raisons ?

Christophe SCHALK

Le marché publicitaire digital va vivre de nombreuses transformations avec l’arrivée de plateformes proposant des modèles freemium. Il faut veiller au bon équilibre entre les différents médias et ne pas fragiliser des médias locaux pour qui la reprise du marché publicitaire a été moins forte. Pour nous, il est essentiel que seul un éditeur qui fait du programme local puisse accéder à la publicité locale.

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Restez-vous confiant quant à la bonne santé des médias locaux face à la généralisation de la TV Segmentée ?

Christophe SCHALK

Oui, si les règles de concurrence telles qu’elles ont été définies sont maintenues. Nos médias locaux ont une forte capacitée d’innovation et d’attractivité. Ils se battent tous les jours face aux GAFAM, et il faut leur laisser un marché concurrentiel encadré pour préserver l’équilibre des médias et le pluralisme dans nos territoires. Nous avons un dialogue permanent avec nos autorités de tutelle sur le sujet, nous espérons que notre voix sera entendue.