Clap de fin pour le partenariat entre Canal+ et le festival de Cannes

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Clap de fin pour le partenariat fleuve de 28 ans entre Canal+ et le festival de Cannes, désormais en discussions avec France Télévisions et le média numérique Brut qui proposent de démultiplier la couverture audiovisuelle de la compétition cinématographique cannoise en France et à l’étranger. L’annonce a fait l’effet d’un petit séisme dans le milieu médiatique: Canal+, dont l’image est associée depuis près de 30 ans au festival de Cannes, ne sera plus son partenaire lors de la prochaine édition qui se tiendra du 17 au 28 mai 2022. «Entre Cannes et Canal+, c’est une longue histoire d’amour. On a fait face à une surenchère de la part du service public, qui a proposé davantage d’argent que nous», a affirmé au «JDD» Gérald-Brice Viret, directeur des antennes et des programmes de Canal+. Désormais sur les rangs, le groupe France Télévisions s’est associé à Brut, média multilingue numérique 100% vidéo très prisé des moins de 35 ans, pour reprendre la couverture médiatique officielle de la compétition cannoise pour les 3 ans à venir. «Aucune décision n’est encore prise» et les discussions se poursuivent «sereinement» avec Pierre Lescure et Thierry Frémaux, respectivement président et délégué général du festival de Cannes, a déclaré le groupe audiovisuel public. «On ne voulait pas participer à cette escalade, alors on s’est retirés de l’appel d’offres», a expliqué Gérald-Brice Viret, assurant que malgré le prestige de cette compétition, «l’audience n’est pas toujours à la hauteur avec environ 600.000 téléspectateurs par soirée de gala». Cette lecture des faits est contestée par plusieurs spécialistes du rendez-vous cannois. «Sous Rousselet/Lescure/Couture/Farrugia/Meheut, Canal a déployé à Cannes un dispositif global, bénéfique aux 2 camps, un poil envahissant. Dès 2008, les choses se sont affadies: usure, contrat moins respecté. «Ce n’est pas le festival de Cannes qui est en baisse d’audiences, c’est Canal…», renchérit une source proche du dossier. Pour un autre connaisseur des tractations, souhaitant conserver l’anonymat, «Gérald-Brice Viret dit ça pour mieux faire passer la pilule mais l’offre financière est peu ou prou équivalente à celle de Canal+, la vraie différence c’est que l’offre éditoriale est meilleure». «Les deux cérémonies diffusées (d’ouverture et de clôture) mériteraient d’être un peu réaménagées», concède Christophe Tardieu, secrétaire général de France TV, sans détailler la proposition du groupe au festival. Sur le papier, les différentes chaînes de l’audiovisuel public – entre France 2, France 3, la chaîne culturelle CultureBox ou TV5 Monde à l’international- ouvrent une nouvelle force de frappe médiatique pour la sélection cannoise. France Télévisions «vise à être le partenaire média de tous les festivals français champions du monde de leur catégorie», détaille M. Tardieu. Chez Brut, on compte pour ambassadeur auprès du festival Renaud Le Van Kim, co-fondateur du média en 2016 et ancien producteur phare de Canal+, écarté en 2015 lors de l’arrivée de Vincent Bolloré dans le groupe Canal+. «J’ai un lien professionnel très intime avec le festival de Cannes», explique Renaud Le Van Kim. Un énorme atout pour le réalisateur qui pendant 23 ans a travaillé sur les cérémonies et la promotion du festival de Cannes, notamment via l’emblématique «Grand Journal», diffusé en direct depuis la Croisette. Et de rappeler que Brut, présent physiquement dans 18 pays et plus de 80 par la langue, est devenu le 1er média social en Europe l’an dernier en dépassant en termes de vues BBC News. En moyenne, ce média touche «100% des 15-35 ans en France», expose Renaud Le Van Kim. «L’association du service public, qui a une puissance de feu monumentale, et de Brut, pourra donner une notoriété très différente au festival de Cannes, toucher des populations que le festival n’atteint pas» aujourd’hui, prévoit le cofondateur de Brut.