D. MAÏSTO (Sud Radio) : « Médiamétrie est possédé par nos concurrents et ces acteurs se mesurent eux-mêmes »

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Les relations entre Sud Radio et Médiamétrie ne sont pas au beau fixe depuis plusieurs mois. La station de Fiducial Médias a remis en cause la méthodologie de la 126 000 Radio. Comment la situation évolue-t-elle ? Réponse avec Didier Maïsto, Président de Sud Radio.

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Quelle est l’origine du conflit entre Sud Radio et Médiamétrie ?

Didier Maïsto 

Fiducial Médias a racheté Sud Radio en 2013 à une époque où la station tombait en désuétude. Nous avons tout refait : payer les dettes, établi un projet éditorial et technologique, approché des signatures. Nous avons constaté que la relance fonctionnait à la fois sur le web, à l’antenne et dans les retours auditeurs. Or, en matière d’audience, rien ne bougeait. Le voilà le point de départ. Nous nous sommes posés des questions pour demander à Médiamétrie comment il était possible qu’une radio comme la nôtre ne puisse pas évoluer ? J’ai souhaité savoir ensuite quelle était la méthodologie et le type d’auditeurs interrogés. Sur ce dernier point, ils m’ont répliqué que c’était scientifique et réalisé à partir de panels.

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Qu’en pensez-vous ?

Didier Maïsto 

Des auditeurs qui écoutent Sud Radio nous ont appelés en disant avoir été sondés par Médiamétrie, mais sans jamais que Sud Radio ne soit citée parmi la liste des principales radios françaises. J’ai fait constater cette situation par huissier. Il est pratiquement impossible pour nous d’émerger.

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Avez-vous accompli d’autres démarches vis-à-vis de Médiamétrie ?

Didier Maïsto 

Je me suis intéressé à la structure de Médiamétrie. Contrairement à l’INSEE, il s’agit d’un institut de droits privés dans lequel il y a les radios principales privées mais aussi le service public. Les radios se mesurent elles-mêmes. Et quand nous tentons de nous y intéresser, on nous dit «circulez, il n’y a rien à voir !». Aujourd’hui, le marché ne reconnaît que Médiamétrie, pourtant ils se mesurent eux-mêmes. J’appelle cela, une association de malfaiteurs.

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Ce sont des mots très lourds…

Didier Maïsto 

Oui, et je pèse mes mots. Tout le monde sait qu’ils s’arrangent entre eux. Médiamétrie est possédé par nos concurrents et ces acteurs se mesurent eux-mêmes. Il n’y a qu’en France que ça fonctionne ainsi. Quand il y a un problème, pour ne pas que ça aille devant la justice, ils font des accords et des chèques. Dans l’affaire Fun Radio par exemple, ils ont fait un chèque à tout le monde, et nous avons refusé de le prendre. Pour moi, c’est de l’argent sale.

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Que comptez-vous faire à présent ?

Didier Maïsto 

Sud Radio renouvelle sa demande devant le Tribunal de Commerce de Paris pour obtenir un expert judiciaire indépendant. J’ai contacté l’IFOP en leur demandant de prendre la méthodologie de Médiamétrie, de mesurer Sud Radio et les autres stations. Pour ces dernières, ils ont trouvé à peu près les mêmes chiffres. En revanche, pour Sud Radio, ils trouvent 3,5 fois plus d’auditeurs que Médiamétrie. Au printemps 2018, nous étions à 700.000 auditeurs/jour selon l’IFOP. Dans sa décision du 29 novembre 2018, contrairement à ce que prétend le communiqué publié par Médiamétrie, la Cour d’appel de Versailles n’a pas rejeté la demande de Sud Radio d’une expertise judiciaire de sa méthodologie de mesure d’audience.