Denis Olivennes, Président du directoire de Lagardère Active

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Le journalisme littéraire, et plus généralement les éditeurs de presse, sont-ils condamnés à la révolution numérique ?
Denis OLIVENNES
Absolument pas ! La révolution numérique ne signifie pas forcément qu’il faut oublier le passé. Nous devons rendre compatible le monde d’hier et celui de demain. Pour cela, l’utilisation de toutes les ressources de la technologie est requise, en créant – par exemple – des sites mêlant reportages journalistiques, information instantanée, vidéos et sons. De nombreuses personnes pensent que la révolution numérique représente la fin du journalisme littéraire. Je ne le pense pas ! La mutation numérique provoque un retentissement plus grand de ce journalisme, qui contraste avec le flux de l’information immédiate. Il faut donc le cultiver, le défendre, et le promouvoir.
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Avec le recul des ventes de la presse papier, mêlé aux faibles revenus du digital, les éditeurs de presse peuvent-ils trouver le juste équilibre économique ?
Denis OLIVENNES
Il est tout-à-fait possible de vivre dans un univers bi-médias dans lequel il y aurait à la fois des articles adaptés au print, au numérique, accompagné ou non de vidéos et de sons. Dans cette optique, l’environnement global doit nous permettre de gérer cette mutation dans le temps. Si la transformation de la presse est trop brutale, ce sont des pans entiers du secteur qui vont disparaître. Non seulement la presse peut résister à la révolution digitale mais elle peut également bénéficier de l’écrin que le numérique lui offre. Il faut que nous puissions accompagner cette transformation.
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L’actuel gouvernement peut-il aider les éditeurs de contenus ?
Denis OLIVENNES
Comme je l’ai indiqué à Aurélie Filippetti, l’actuel gouvernement s’est fait élire sur une stratégie de contrôle de la déréglementation, de la mondialisation et de la délocalisation. En revanche, il y a un univers dans lequel ce principe ne s’applique pas. Il s’agit de la culture des contenus. Aujourd’hui, les grandes entreprises multinationales dans le domaine de l’Internet sont exclusivement américaines : iTunes, Google, Facebook, Twitter,… En Europe et en France, il existe pourtant de brillantes réussites dans le domaine des contenus. Il faut pouvoir les mettre en avant.
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Google et les éditeurs de presse français ont scellé un accord par lequel le géant américain s’engage à aider la presse à accroître ses revenus en ligne. Quel regard portez-vous sur ce sujet ?
Denis OLIVENNES
L’accord avec Google n’est qu’une première étape ! Il s’agit d’un petit pas pour l’humanité mais d’un grand pas pour la presse.