En 2019, la population mondiale devrait passer plus de temps devant internet que devant la télévision 

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170,6 minutes passées sur Internet contre 170,3 minutes à regarder la télévision en direct: le changement est minime, mais la tendance révélatrice. D’ici à la fin 2019, la population mondiale passera plus de temps sur Internet que devant la télévision, selon une étude publiée en juillet 2018 par le cabinet Zenith Media, qui fait partie du groupe Publicis. La consultation d’Internet par le biais des téléphones portables «a érodé la consommation de presque tous les autres médias», estime l’étude. Près d’un quart de la consommation médiatique mondiale passe aujourd’hui par les téléphones mobiles. Cependant, la mainmise d’Internet sur notre consommation médiatique est à relativiser: l’étude de Zenith atteint ces conclusions en prenant en compte le support de diffusion et non le type de contenu diffusé. Le temps passé devant une série proposée par une plateforme en ligne comme Netflix, même visionnée sur un écran de télévision, est donc comptabilisé comme du temps passé sur Internet. En Europe et sur le continent américain, le temps passé devant l’antenne continue de dominer Internet. Les Français par exemple ont passé encore 3h46 par jour en moyenne devant la télé en 2018, contre un peu moins de la moitié à surfer en ligne.

«Pouvoir d’attraction» de la télé : La télévision a encore un «pouvoir d’attraction, d’inspiration et de réunion», explique Simone Harari Baulieu, productrice pour la télévision française, dans son livre «La chaîne et le réseau». Elle y cite notamment les funérailles de Johnny Hallyday ou les matches de la Coupe du monde de football 2018, qui ont rassemblé respectivement près de 15 millions et plus de 19 millions de spectateurs. C’est dans le reste du monde, et notamment au Moyen- Orient, qu’Internet prend le pas sur les autres médias. En 2019, les habitants de la région passeront 6h16 par jour à consulter Internet, contre 5h43 devant la télévision en direct. «C’est dû à la portabilité», estime Everette E. Dennis, doyen de Northwestern University au Qatar et directeur d’une enquête sur les habitudes médiatiques au Moyen Orient. «Les appareils portables sont en train de distancer les traditionnels postes de télévision à travers le monde». Il souligne cependant qu’une grande partie du contenu consulté en ligne «est généralement le replay d’un programme passé à l’antenne». En France, le replay rassemblait 6 millions de téléspectateurs (dont un million sur mobile) par jour en 2017.

«âge d’or» des programmes : Ce qui compte n’est plus «le temps passé devant la télévision mais devant les programmes conçus pour cette télévision», renchérit Simone Harari Baulieu. Selon la productrice, cette migration des postes de télévision, ancien «dénominateur commun» du foyer, aux appareils portables et personnels a entériné la transition de «mass media» vers des «médias de niche». «On s’adresse de façon moins consensuelle aux gens», détaille-t-elle. Une «révolution positive» pour les diffuseurs, selon elle. Pour preuve, le succès de la vidéo à la demande (VOD) et des plateformes de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), souvent consommés sur mobile. Seul hic: «il y a un déplacement de valeur des chaînes aux fournisseurs», explique Simone Harari Baulieu. Pour rapatrier cette valeur vers les diffuseurs français face aux géants américains comme Netflix, qui menace de s’imposer en tête des offres pour la télévision payante, la création d’une plateforme de SVOD commune, Salto, a été annoncé en 2018 par TF1, France Télévisions et M6, sans date de lancement pour le moment.