Productrice, entre autres, d’ «Alice Nevers, le juge est une femme» pour TF1, et de la nouvelle fiction de M6 «Vérités assassines», en compétition officielle au Festival de la Rochelle, Pascale Breugnot a un avis très tranché sur la production française en matière de fictions.
média+ : Avec «Vérités assassines», que vous avez produit pour M6, vous avez donné au genre polar une dimension psychologique, voire psychanalytique. Pourquoi ce choix ?
Pascale Breugnot : Le livre de Virginie Broca, «Double peine», duquel est adapté «Vérités assassines», fait preuve d’une très fine analyse du fonctionnement des êtres. J’aime le travail très complexe, très intelligent, accompli par cet écrivain de polars. Broca raconte le moteur intérieur des êtres. C’est une sorte de psychanalyse en direct et, dans le même temps, un vrai téléfilm d’action. Les deux mélangés donnent un très bon résultat.
média+ : Pourquoi avoir confié à Zabou Breitman le rôle principal ?
Pascale Breugnot : Parce qu’elle est parvenue à lire dans la tragédie du scénario autre chose qui ne s’apparentait pas à la tragédie mais, au contraire, à la comédie, au quotidien, à l’aventure humaine sous toutes ses dimensions… Les autres comédiennes à qui j’ai fait passer le casting y parvenaient avec moins de talent, moins de conviction.
media+ : Vous qui aviez envie de produire un polar psychanalytique, que reprochez-vous à la fiction française ?
Pascale Breugnot : Je la trouve souvent monotone, dénuée d’humour, uniquement efficace. Les héros sont des espèces de grands blocs monolithiques alors que dans la vraie vie, on peut être une chose et une autre en même temps. La réalité n’est pas figée comme dans de trop nombreuses fictions télévisées ! Dans la série «Alice Nevers, le juge est une femme», que je produis pour TF1, j’essaie de donner une vraie densité aux personnages.
média+ : Ce conformisme, c’est ce que vous reprochez à la télévision en général ?
Pascale Breugnot : C’est ce que je reproche à la société dans son ensemble ! Nous sommes dans une société trop protégée, trop cloisonnée. Il faut que les verrous sautent, il faut qu’on donne de l’espace aux choses, aux gens, sans cette frilosité, cette crainte de prendre des risques…
A la télé, on pourrait être plus exigeant, traiter des sujets inédits.
média+ : France 3 vous a demandé de produire un pilote pour ses après-midis. De quoi s’agira-t-il ?
Pascale Breugnot : Nous avons répondu à un appel d’offres de la chaîne pour son créneau 16h30-17h30. Si nous sommes retenus, il s’agira d’une émission en direct intitulée «Merci à vous» et animée par un parfait inconnu, un dénommé Philippe Gougler, une espèce d’Yves Calvi de moins de trente ans. L’émission est basée sur le concept du moteur de recherche sur le net. Les téléspectateurs pourront appeler le standard pour rechercher un objet, une personne, quelque part en France.
média+ : En matière de fiction, quels sont vos projets les plus imminents ?
Pascale Breugnot : Je vais faire un téléfilm sur Olympe de Gouge, qui a beaucoup œuvré pour les droits de la femme et qui a été décapitée par Robespierre alors que les Américains se sont inspirés de ses textes quelques années plus tard. Sa violence, sa combativité m’ont vraiment touchée. J’aime les êtres qui se dépassent, qui ne s’économisent pas, qui ont des idées personnelles sur les choses.
média+ : Quel homme politique serait un merveilleux personnage de fiction ?
Pascale Breugnot : Sarkozy est un personnage unique en son genre, très brillant, mais c’est peut être prématuré.
média+ : Avez-vous vu «L’hôpital» sur TF1 ?
Pascale Breugnot : J’ai vu les deux premiers épisodes et je dois dire que ce n’est pas une chose que j’aurais aimé produire. Cela ressemble trop à ce qui se fait aux Etats Unis en beaucoup moins bien, comme «Urgences» ou «Grey’s anatomy». Je suis toutefois surprise de l’audience minimale des deux premiers épisodes, qui ne méritaient quand même pas un tel désaveu. Il faut attendre pour juger.
Société de Production : Ego Produtions
• Les Dirigeants:
– Pascale Breugnot, P.-D.G.
-Bernard Bouthier, Directeur Général
• Date de création: 1998
• Coordonnées:
3 rue des Déchargeurs
75001 Paris
• Activités principales : Fictions, programmes de flux, documentaires.
Les productions :
«Alice Nevers, le juge est une femme»; «Jetix Quizz», «Même âge, même adresse»; «Dalida synopsis: entre tragédie et conte de fée»; «Trois pères à la maison»; «Les premiers amours»; «Télé piège»