Seize ans jour pour jour après le suicide de Pierre Bérégovoy, France 2 diffuse «Un homme d’honneur», une fiction rigoureuse et pudique de Laurent Heynemann, qui dépeint sans manichéisme les derniers mois de ce Premier ministre socialiste. Le film s’appuie sur les faits historiques et ne développe aucune thèse farfelue. Pierre Bérégovoy n’apparaît ni comme une icône ni comme un personnage corrompu. «J’ai voulu raconter le désarroi d’un homme qui avait des valeurs qu’il n’a pas su porter jusqu’au bout, et son abandon par ceux qu’il considérait comme ses amis», explique le réalisateur. Laurent Heynemann et ses scénaristes Dan Franck et Gilles Gerardin ont fait correspondre la durée du film à celle du trajet qu’accomplit Gilberte Bérégovoy de Nevers à Paris, tandis que son mari mourant est transporté par hélicoptère au Val-de-Grâce. Les derniers mois de Pierre Bérégovoy sont racontés par flash-back, à travers les échanges entre l’épouse et son chauffeur. Cette astuce scénaristique fonctionne parfaitement: la mélancolie de cette voiture qui file dans la nuit déteint sur les scènes du passé, qui montrent un Premier ministre s’enfonçant dans la dépression. «Je ne voulais pas raconter Bérégovoy à travers un regard complètement extérieur», déclare Laurent Heynemann. «Avec le regard de sa femme, on est presque à l’intérieur de lui». Pour autant, et même si le réalisateur et les scénaristes ont beaucoup discuté avec le journaliste Gérard Carreyrou, ami intime du couple Bérégovoy, le portrait n’est pas hagiographique. Le film évoque les cadeaux (billets à la Scala de Milan, vacances de luxe, voyages en jet privé…) qu’accepte le couple de la part des amis sulfureux du président François Mitterrand.