Jugé pour un incendie mortel, Serge Bromberg, célèbre collectionneur et restaurateur de films, a reconnu sa «faute»

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A l’ouverture de son procès pour homicide involontaire, Serge Bromberg, célèbre collectionneur et restaurateur de films, a reconnu mardi à Créteil sa «faute», après un incendie mortel dans un immeuble provoqué par un important stock de bobines de nitrate qu’il y entreposait.

Stockées sans autorisation sous un immeuble habité de huit étages de Vincennes, près de Paris dans le Val-de-Marne, ces bobines de cinéma, anciennes et potentiellement dangereuses car inflammables, ont pris feu dans la nuit du 10 août 2020, en pleine période de canicule. Deux personnes sont mortes dans le très violent incendie que les pompiers ont maîtrisé après six heures de lutte. «J’ai commis une faute», a reconnu mardi matin Serge Bromberg devant le tribunal correctionnel.

L’ancien directeur artistique du Festival du film d’animation d’Annecy entreposait dans ce local les bobines de sa société, Lobster Films, spécialisée dans la sauvegarde, la restauration et la distribution de films anciens. Ces films en nitrate étaient conservés dans un local sans climatisation, sans alarme incendie, près d’une verrière. Une paroi «coupe feu» avait été installée, mais n’était en réalité pas équipée d’isolant thermique. Elle a fondu en 30 minutes. Les enquêteurs estiment qu’au moment de l’incendie entre 1364 et 1935 bobines se trouvaient là, pour un poids allant de 2,5 à 3,6 tonnes. Le prévenu fait un calcul différent: 965 bobines, 970 kilos. «C’est un fait, pas une estimation», a-t-il souligné à la barre.

«Cet endroit était un ‘stock tampon’, il avait seulement pour vocation d’accueillir quelques bobines avant qu’elles partent au CNC», s’est défendu l’animateur et producteur, qui était parfaitement au courant des risques inhérents au nitrate.

Même s’il reconnait «une très grave erreur d’appréciation» et une «négligence» de sa part, le prévenu, âgé de 61 ans, estime que le Centre national du cinéma et de l’image animée avait obligation de récupérer et stocker ses bobines de nitrate. «La quantité de nitrate était censée être extrêmement minime», dans son local, s’est-il expliqué, ajoutant: «Jamais auparavant le CNC ne m’avait refusé des bobines». «Le fait qu’un site en pleine campagne, une ferme inutilisée, puisse être utilisé, ça ne vous a pas traversé l’esprit ?», lui a demandé le président du tribunal. «C’était certainement une faute, une erreur, une imprudence», a répondu l’intéressé, devant une salle où les victimes et parties civiles sont venues en nombre. Le procès se tient jusqu’à mercredi.