La finale de la Coupe de France commentée en nissart, le dialecte niçois, sur la radio Nissa Pantai

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Nissa Pantai, une radio associative, diffuse depuis 2013 en nissart, le dialecte niçois. Samedi, elle commentera en direct la finale de la Coupe de France (21h00), depuis le Stade de France, avec comme mot d’ordre pour le «Gym»: «Ramenas la Coupa a maioun!». Le slogan, traduction de la chanson «Ramenez la coupe à la maison», s’étale depuis quelques semaines sur les affiches placardées par la mairie, qui appelle à être «Touj darrié lou Gym !» («tous derrière le Gym»), l’Olympique gymnaste club Nice, pour sa finale face aux Canaris nantais. Car la mairie joue aussi le jeu. Depuis 1997, les noms des rues de la vieille ville sont indiqués à la fois en français et en nissart. Et depuis 2007 une partie des annonces des arrêts du tramway se font aussi dans la langue locale. Au-delà d’une curiosité folklorique, le nissart ou niçois, considéré comme une variante de la langue occitane au même titre que les sous-dialectes alpin, marseillais et rhodanien, est encore vivace, même si le nombre de ses locuteurs est difficile à établir. Ils seraient environ 10.000. «L’association Nissa Pantai («Nice rêve», NDLR) a été créée en 1971, pour enseigner et transmettre la langue et la culture niçoise», explique Cristoù Daurore, prof de nissart dans le civil et animateur dans le quartier de l’Ariane, qui a «nissardisé» à l’état civil son prénom de naissance, Christophe. «Quand le «Gym» a commencé à jouer à l’Allianz Riviera en 2013, nous avons voulu commenter en direct tous les matchs à domicile et placer ainsi la culture traditionnelle dans un sport populaire», raconte-t-il. Et ce avec la bénédiction de l’OGC Nice. «C’est effectivement une volonté du club, car d’abord cela ne porte pas préjudice aux autres médias couvrant nos matches, cela vient en complément», confirme Virginie Rossetti, directrice de la communication et de la marque OGCN. «Et surtout», ajoute-t-elle, «la langue niçoise fait partie de la culture du club. La devise de nos supporters, «Issa Nissa» (Allez Nice) en est un bon exemple». Un temps gangrénée par des identitaires, la frange ultra des supporteurs a parfois été prompte à récupérer certains mots et symboles, dont le nissart. «Ceux qui se faisaient appeler identitaires salissaient notre langue et notre culture, car on est un pays d’accueil», rétorque Cristoù Daurore. D’autres radios FM ou sur internet couvrent le rugby ou le foot en langue régionale, comme Radio Arrels en catalan ou Radio Pais en béarnais. Samedi, M. Daurore, qui est bénévole et n’a donc pas de carte de presse, commentera le match depuis le Stade de France, avec son téléphone, «depuis une tribune de supporteurs». Comme toujours, la retransmission sur internet débutera par le chant «Nissa la Bella», hymne du club et de la ville. Puis le duo formé avec Ciril Joanin, président de l’association, commentera le match. En option au baccalauréat, mais «fortement touché par les réformes récentes du ministre de l’Education nationale qui ont affaibli l’enseignement des langues régionales», le nissart continue aussi à vivre grâce à la culture ou la gastronomie. Ainsi, les représentations des pièces de théâtre de l’auteur Francis Gag «marchent d’enfer», assure M. Daurore. La gastronomie niçoise n’est pas en reste, avec des restaurants qui proposent leur menu en niçois comme «lu gnoci nissart» ou «l’estocafic», du nom anglais «stockfish», le filet de morue séché. Autant de plats servis notamment au restaurant Lou Balico («Le basilic»), tenu par Jo Issautier, 86 ans, qui se souvient encore «des coups de règle» reçus de son instituteur pour l’empêcher de parler nissart. Aujourd’hui, Jo n’a heureusement plus peur de lancer: «Voulen la Coupa». Autrement dit, «Nous voulons la Coupe!».