La sécurité des JO de Paris, un enjeu majeur pour la France en 2024

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La sécurité des Jeux olympiques de Paris s’annonce comme un enjeu majeur pour la France en 2024, car ils «cristallisent les passions, drainent un public considérable et attirent toutes les délinquances» à commencer par les menaces sur internet, selon le patron de la gendarmerie dans le cyberespace. Dans cette optique, Gérald Darmanin a présidé lundi après-midi au ministère de l’Intérieur le premier comité interministériel sur la sécurité des JO, qui devrait mobiliser des moyens conséquents de la part de l’État. Le général Marc Boget, commandant de la gendarmerie dans le cyberespace, insiste sur l’ampleur de la tâche qui attend les services de sécurité français pour le bon déroulement, d’abord du Mondial de rugby en 2023 puis des Jeux de 2024. «Lors des Jeux de Tokyo, il y avait un seul défi pour les autorités, celui de la sécurité et principalement la gestion de la menace cyber», dit-il. «Il y a eu des milliards d’événements cyber recensés et 70.000 alertes avérées à vérifier durant les vingt jours de la compétition, soit 3.500 par jour!». Compte tenu des technologies électroniques de plus en plus complexes qui circulent sur le net, Marc Boget estime qu’il y a mécaniquement un «accroissement de la surface de vulnérabilité» de ces grands événements populaires et planétaires. Quand il liste les cibles possibles, c’est un tourbillon effrayant. A commencer par les infrastructures avec «par exemple le blocage des ascenseurs ou des chronomètres mesurant les performances des athlètes, le sabotage des installations électriques des stades, le déclenchement d’alarme incendie toutes les heures pour empêcher telle ou telle équipe de dormir avant une compétition, etc». Il y a aussi toutes les attaques pouvant affecter le trafic ferroviaire, le métro et l’aérien. Le général Boget rappelle ainsi qu’en juin 2015, les avions de compagnie aérienne polonaise LOT avaient été cloués au sol par une attaque informatique. Parmi les scénarii envisagés et envisageables selon le général, figurent également la prise de contrôle à distance des grands écrans dans les stades pour diffuser de faux messages d’alerte déclenchant une panique générale, la prise de contrôle des caméras de surveillance. Le tout suivi d’attentats suicide. Il note aussi les attaques contre les sportifs eux-mêmes, allant de la falsification de leurs données médicales, au dénigrement avec dénonciation de cas de dopage qui n’en sont pas, en passant par le vol de la stratégie tactique de telle ou telle équipe… Et évidemment tout ce qui a trait au business du sport, «l’un des plus importants de la planète» avec piratage des sites de transmission et des médias, fabrication de faux billets d’entrée et demandes de rançon. «Il faut une prise en compte globale du risque cyber et mettre en place très en amont un travail collaboratif avec les services de renseignement et des hackers pour infiltrer les réseaux». «Il nous faut additionner nos forces», estime-t-il. Le général Boget, qui devrait à terme chapeauter l’ensemble des forces dédiées à la lutte contre les cyberattaques, préconise la mise en place d’une «cellule d’analyse des scenarii possibles de toutes les menaces, d’un «centre opérationnel de sécurité» et d’une «équipe H24 de pompiers du cyber» pour analyser et contrer les menaces durant la compétition. Actuellement, il y a 7.000 enquêteurs cyber et leur nombre sera porté à 10.000 en 2022, assure le général Boget, en se félicitant que la cybersécurité soit «une vraie priorité du président Macron et du ministre de l’Intérieur». Mais, dit-il, «la situation est sérieuse» et «il ne faut plus perdre de temps».