L’Afrique victime de la prolifération de délits numériques

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Lorsqu’une pilule amincissante s’est invitée sur le compte Tweeter du ministère de la Sécurité d’Etat le week-end dernier, bien des Sud-Africains ont ri. Mais pas tous: ce piratage est venu brutalement rappeler que l’Afrique est le talon d’Achille de la cyber-sécurité mondiale. Rapidement retiré de la circulation, le temps de changer de mot de passe et de reprendre le contrôle de la situation, le compte Tweeter du ministère chargé du contre-espionnage sur @StateSecurityRS renvoyait sur un site vendant des pilules miracles à base de palmier. «Faut-il en rire ou en pleurer. J’ai choisi la première option», ironisait une utilisatrice du site de microblog. Depuis, «les mesures de sécurité nécessaires ont été mises en place pour éviter que cela ne se reproduise», assure un porte-parole du ministère Brian Dube. Mais les autorités chargées de la sécurité informatique craignent que la prochaine attaque contre un gouvernement africain ne soit pas aussi inoffensive et beaucoup moins drôle. «Ce ne serait pas difficile de paralyser le gouvernement. Il y a très peu de parades en place, si bien que même le plus basique des piratages marche dans la plupart des cas», estime Craig Rosewarne, qui a fondé sa société de consultant en sécurité informatique, Wolfpack Information Risk. Avec une subvention du gouvernement britannique, ce Sud-Africain a récemment fait le point sur le sujet pour l’ensemble du continent africain et les résultats sont pour le moins inquiétants. Selon son rapport, la plupart des pays africains en développement ne sont pas capables ou n’ont pas la volonté de sécuriser leurs réseaux en ligne, pourtant en forte expansion avec le raccordement en cours du continent à de nouveaux câbles sous-marins.