L’Arabie saoudite veut miser sur les arts pour diversifier son économie

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L’Arabie saoudite veut miser sur les arts pour diversifier son économie et ouvrira un Complexe royal des arts, une première dans ce royaume qui ne compte ni théâtre ni cinéma publics, a annoncé le ministre de la Culture. Ryad veut aussi créer une Cité des médias pour promouvoir la production audiovisuelle locale et atteindre un niveau de 16.100 emplois dans le secteur des médias en cinq ans. Ces initiatives font partie du Programme de transformation nationale (PTN), un plan d’action pour diversifier une économie saoudienne trop dépendante du pétrole, et créer 450.000 emplois dans le secteur privé d’ici 2020. Le royaume, régi par une version très stricte de l’islam qui interdit de représenter des figures humaines, n’a pas su fournir à certains de ses artistes, pourtant exposés et reconnus à l’étranger, «une plate-forme pour les soutenir» dans leur pays, a reconnu le ministre de la Culture Adel al-Turaifi lors d’une rencontre avec des journalistes. Le Complexe royal des arts permettra de changer la situation, a-t-il affirmé. «Nous voulons créer des institutions qui puissent montrer le travail de ces artistes, les soutenir et leur fournir des subventions pour réaliser leurs rêves de création artistique», a affirmé le ministre. Bien que les salles de cinéma soient interdites dans ce pays ultraconservateur, le long métrage «Wadjda», réalisé par la Saoudienne Haifaa Al-Mansour, avait été acclamé par la critique internationale et largement récompensé dans les festivals en 2013. La Cité des médias devrait permettre aux jeunes Saoudiens de créer du contenu pour des plates-formes audiovisuelles. Pour le ministre, ces projets de soutien aux arts et aux médias permettront de changer l’image de l’Arabie dans le monde alors que ce pays fait, selon lui, «l’objet d’accusations et de stéréotypes». Interrogé pour savoir si le niveau de liberté d’expression dans le royaume était suffisant pour faire prospérer la création artistique et les médias, le ministre a jugé que les journaux critiquent déjà «tous les jours» les programmes du gouvernement.L’Arabie saoudite est au 165e rang sur 180 pays dans le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse. Le pays a été très critiqué par les organisations de défense des droits de l’Homme pour avoir notamment arrêté et emprisonné le blogueur Raef Badaoui, animateur du site internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse. M. Badaoui a été condamné à dix ans de prison et 1.000 coups de fouet, une sentence confirmée en appel en 2015.