Largo Winch : le 21ème album des aventures du «milliardaire humaniste» sort ce vendredi

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Le 21e album des aventures du «milliardaire humaniste» Largo Winch sort vendredi mais c’est le 1er sans son créateur, Jean Van Hamme qui à 78 ans et après plus de 25 ans de labeur, a passé la main à un nouveau scénariste, le romancier Éric Giacometti. Que les nombreux amateurs du héros qui a fait entrer le monde de la finance dans la BD se rassurent: le dessinateur Philippe Francq tient toujours les pinceaux et le néo-scénariste, «grand connaisseur et admirateur» de la série au plus de 11 millions d’exemplaires vendus (pour la seule édition en français) depuis 1990 est resté fidèle à l’esprit et au charme des Largo Winch… tout en réussissant à faire évoluer ce personnage devenu une icône de la BD franco-belge. «Aujourd’hui, on ne peut plus être un milliardaire au grand coeur, ça ne passe plus», affirme Éric Giacometti. A ceux qui l’ignoreraient encore, Largo Winch est un milliardaire à la tête d’un groupe rassemblant plus d’un millier d’entreprises et des centaines de milliers de collaborateurs. Fidèles à ses idéaux de jeunesse, c’est un humaniste… mais «son domicile fiscal est au Liechtenstein», fait remarquer dans un sourire Éric Giacometti. Cet ancien chef du service économie/finance du journal «Le Parisien» était jusqu’ici connu comme l’auteur (avec Jacques Ravenne) de la série de thrillers à succès «Antoine Marcas», un commissaire de police franc-maçon qui enquête dans le milieu des sociétés secrètes. «Un soir, alors que je regardais une émission de télé sur le thème de la fraude fiscale, un intervenant a cité le cas de Largo Winch. Je suis tombé de mon fauteuil», se souvient pour sa part Philippe Francq au cours de cet entretien. Dans «L’étoile du matin», édité comme les précédents albums par Dupuis, les lecteurs verront Largo envisager de quitter le Liechtenstein pour «se refiscaliser ailleurs» (La Corée du Nord est évoquée mais c’est une blague!). Dans cet album Largo va devoir également se coltiner de nouveaux ennemis. Si l’album regorge de «requins de la finance» bien décidés à avoir la peau (et le capital) de Largo, le milliardaire devra également se battre contre des altermondialistes sincères et «révoltés contre le système capitaliste sans morale dont il est l’emblème».

L’album renoue avec «les fondamentaux» de la série. Même si les scènes d’actions sont légion, le lecteur apprendra (sans que jamais ce soit assommant) le mécanisme des produits dérivés qui ont conduit à la crise des subprimes. Il découvrira, peut-être stupéfait, le système du «trading haute fréquence», cette «finance de l’ombre» qui permet de transmettre des milliers d’ordres en bourse dans l’espace de microsecondes, par ordinateurs, sans intervention humaine. «J’ai écrit un thriller pédagoqique», reconnait Éric Giacometti. Jean Van Hamme a laissé Francq et Giacometti travailler comme ils l’entendaient. «Jean n’a pas demandé à voir l’album en avance», dit le dessinateur belge qui salue au passage le travail «impeccable» de son nouveau partenaire. Dans le tome précédent, «20 secondes», sorti il y a deux ans, Jean Van Hamme, créateur des séries «XIII» et «Thorgal», scénariste de certains «Blake et Mortimer» ou encore de la série «Lady S», avait eu l’élégance de laisser une fin ouverte afin de laisser une latitude absolue à son successeur. Le nouvel album de Largo Winch bénéficie (pour le seul monde francophone) d’un tirage de 350.000 exemplaires. La série constitue la production la plus importante de la maison d’édition de «Spirou», «Buck Danny», «Gaston Lagaffe», «Michel Vaillant», des «Tuniques Bleues» et de tant d’autres héros de la bande dessinée franco-belge. Un prochain volume est déjà prévu («mais j’aime prendre mon temps», prévient Philippe Francq). Il aura pour titre «Les voiles écarlates».