Le Canada violerait le droit coutumier international en extradant la directrice financière de Huawei vers les Etats-Unis, selon la défense

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Le Canada violerait le droit coutumier international en extradant la directrice financière de Huawei vers les Etats-Unis, qui veulent la juger pour fraude bancaire, a argué lundi la défense.
Les faits reprochés à Meng Wanzhou n’ont pas de lien avec les Etats-Unis et le Canada porterait atteinte à la souveraineté chinoise en droit international s’il extradait cette dernière, a plaidé l’un des avocats de la numéro 2 de Huawei.
La justice américaine accuse Mme Meng d’avoir menti à un cadre de la banque HSBC en 2013 sur les liens entre Huawei et une filiale qui vendait des équipements de télécoms à l’Iran, exposant l’établissement à des sanctions américaines. Mme Meng et Huawei nient ces accusations.
La fille du fondateur du géant chinois des télécoms avait été arrêtée fin 2018 à l’aéroport de Vancouver à la demande des Etats-Unis, provoquant une crise diplomatique majeure entre la Chine et le Canada. Dans ce nouveau front judiciaire pour faire dérailler la procédure d’extradition, l’avocat Gib van Ert a fait valoir que la rencontre entre Mme Meng et la banque HSBC avait eu lieu en Chine et que «si des lois ont été violées ce jour-là», cela ne concerne que Pékin. «Ce qui s’est passé le 22 août 2013 dans un restaurant de Hong Kong entre une ressortissante chinoise et une banque anglo-chinoise ne concerne pas, au regard du droit international, les Etats-Unis». L’avocat a averti la juge entendant l’affaire qu’elle entraînerait le Canada dans des violations américaines du droit international si elle envoyait Mme Meng aux Etats-Unis.
Cette nouvelle ligne d’attaque intervient une semaine après que le Canada, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions contre de hauts responsables du gouvernement chinois pour protester contre le traitement des Ouïghours, minorité musulmane de l’ouest de la Chine. Pékin a riposté en interdisant d’entrée en Chine un député canadien et des membres d’une commission parlementaire sur les droits de l’Homme.
En février, le procureur général du Canada a invoqué sa «compétence» pour examiner la demande d’extradition. Mme Meng vit en liberté surveillée dans une de ses demeures de Vancouver depuis son arrestation en décembre 2018. La Chine a jugé récemment deux Canadiens emprisonnés quelques jours après son arrestation et accusés d’«espionnage», lors de procès à huis clos. Leur verdict sera connu à une date ultérieure.