Le CSA a «fermement mis en garde LCI» après la diffusion du discours d’Eric Zemmour

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Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé jeudi avoir «fermement mis en garde LCI» après la diffusion intégrale et en direct d’un discours d’Eric Zemmour, rappelant à la chaîne d’info du groupe TF1 qu’elle devait veiller à respecter ses obligations en matière de propos discriminatoires. Cette mesure, qui ne constitue pas à proprement parler une sanction, est une démarche préalable à une éventuelle mise en demeure en cas de récidive.

Dans un communiqué, le CSA a estimé que le format de diffusion, en direct, «n’avait permis ni de mettre en contexte de façon appropriée les propos tenus, ni d’apporter une contradiction adéquate». «En conséquence, il a fermement mis en garde LCI contre le renouvellement de manquements aux dispositions de sa convention visant «à ne pas encourager des comportements discriminatoires en raison de la race, du sexe, de la religion, ou de la nationalité […]», et à conserver «en toutes circonstances la maîtrise de son antenne»», rapporte le communiqué de l’institution.

Le CSA a par ailleurs indiqué, devant «la gravité de ces propos», avoir décidé de transmettre au procureur de la République les «éléments en sa possession» pouvant nourrir l’enquête à l’encontre d’Eric Zemmour, ouverte pour «injures publiques» et «provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence». Il s’agit notamment des saisines reçues par le CSA. Dans ce discours, Eric Zemmour, l’un des invités phare d’une «convention de la droite» organisée le 28 septembre par des proches de Marion Maréchal Le Pen, s’en était pris aux immigrés «colonisateurs» et à «l’islamisation», et avait repris à son compte la théorie du «grand remplacement» de l’écrivain Renaud Camus, provoquant un tollé dans le monde politique, associatif et dans les médias. La chaîne du groupe TF1 avait reconnu après une «erreur d’appréciation». «La diffusion du discours dans l’état n’était pas le format approprié pour notre chaîne», a admis sa direction, soulignant qu’«il y a bien eu contradiction et déconstruction des propos d’Éric Zemmour, mais c’était après-coup». Depuis ce discours, qui faisait suite à la condamnation définitive du polémiste pour «provocation à la haine religieuse» pour des propos tenus en 2016 dans l’émission de France 5 «C à Vous», l’écrivain et éditorialiste est devenu la vedette d’une nouvelle émission quotidienne sur CNews, la chaîne d’info du groupe Canal+. De son côté, la radio RTL a pris ses distances avec l’auteur du «Destin français».

En revanche la chaîne Paris Première, où il participe à l’émission «Zemmour et Naulleau», l’avait convoqué, mais sans l’exclure de son antenne, tandis que «Le Figaro» lui a également fait savoir sa réprobation sans pour autant arrêter sa collaboration. Le Conseil supérieur de l’audiovisuelA a rappelé plus globalement les télévisions et radios à leur responsabilité au regard de la nécessité de préserver la cohésion sociale. «De manière générale, au regard des tensions qui affectent la société française, le Conseil supérieur de l’audiovisuel en appelle à la responsabilité des médias audiovisuels. La liberté d’expression, y compris sous des formes polémiques, tout comme la liberté éditoriale, ne saurait justifier la diffusion de propos susceptibles d’inciter à la haine ou aux discriminations», a-t-il souligné.