Le site d’information en ligne Mediapart a connu une forte croissance en 2020

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Le site d’information en ligne Mediapart a connu une forte croissance en 2020, avec une hausse de près de 30% de son nombre d’abonnés traversant la crise sanitaire et économique sans dommage. Mediapart confirme la rentabilité de son modèle économique – sans publicité, ni aide publique, fondé uniquement sur les abonnements des lecteurs – avec le bond de son chiffre d’affaires de 22% à plus de 20 millions d’euros et son bénéfice net à plus de 4 millions d’euros à fin 2020, contre 2,3 millions l’année précédente. Le nombre d’abonnés a aussi grimpé de près de 30%, soit plus de 48.200 abonnés conquis en un an, pour frôler au total les 220.000 abonnés actifs et payants. «Jamais nous n’aurions pensé être à plus de 200.000 abonnés aussi tôt, nous pensions que nous y serions, peut-être, après la présidentielle de 2022», a souligné Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart. Une «performance» que le média, réputé pour ses investigations, explique essentiellement «par le besoin d’une information indépendante et rigoureuse pour comprendre l’imprévu et l’inattendu». Egalement au coeur de cette dynamique, son modèle économique qui lui a permis d’éviter les principaux chocs subis par le secteur de la presse l’an passé. «La pandémie n’a pas affecté nos recettes» parce que Mediapart n’a ni publicité ni «événementiel payant», résume sa cofondatrice Marie-Hélène Smiejan. Etant 100% numérique, le média n’a pas non plus eu à affronter «les difficultés de la distribution» de la presse papier. Signe de cette bonne santé, Mediapart a augmenté d’environ un quart ses effectifs les portant à 118 personnes dont 69 journalistes. La nouvelle émission en ligne «A l’air libre», créée durant le confinement du printemps 2020, va être «professionnalisée» et son contenu développé à partir de septembre, a annoncé Mme Smiejan, ce programme atteignant «clairement une audience plus jeune» que celle obtenue via les abonnements traditionnels. Mediapart a également parachevé en décembre dernier la mise en place de sa structure juridique, initiée en octobre 2019, lui garantissant une totale indépendance financière et éditoriale. Ses parts appartiennent désormais à une nouvelle structure non lucrative, le Fonds pour une presse libre (FPL), via la Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (Spim), un montage qui sanctuarise selon ses inventeurs le capital du journal en ligne. Le FPL, investi d’une mission d’intérêt général, apporte également son soutien financier à des publications indépendantes depuis l’an dernier. Le fonds, qui a lancé lundi un deuxième appel à financement de projets, «entend bien monter en puissance» pour «renforcer un nouvel écosystème de l’information». En parallèle, Mediapart poursuit sa stratégie de partenariats et de prise de participation minoritaire dans des médias indépendants et notamment locaux. Il détient ainsi 11,12% du journal en ligne marseillais Marsactu et 3,48% du média d’investigation régional Mediacités. Il indique détenir depuis novembre 2020 22% du capital de Medialab, société éditrice de Rue 89 Strasbourg, et préparer son entrée au capital du nouveau trimestriel féministe La Déferlante, lancé au début du mois.