Les acteurs du tourisme de l’outback, l’immense et désertique arrière-pays australien, remontés contre Google Maps

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Les acteurs du tourisme de l’outback, l’immense et désertique arrière-pays australien, sont remontés contre Google Maps dont les imprécisions décourageraient les visiteurs en leur faisant croire que certains sites sont encore plus perdus qu’en réalité. Nombre d’entreprises tentant de faire la promotion de leurs petites localités éloignées dans l’Etat du Queensland (nord-est) désespèrent en consultant le site de cartographie en ligne, qui estime parfois à 11 heures un trajet qui n’est en réalité «que» de six heures. A tel point que le gouvernement de l’Etat a écrit au géant américain, qui a répondu mercredi en promettant de se pencher sur la question. «Les gens ne viennent pas parce qu’ils pensent que c’est trop loin, ou alors ils ratent une station-service, ou alors ils sont envoyés sur une route où il n’y a pas de station-service», peste Robyn Mackenzie, du musée d’histoire naturelle d’Eromanga, minuscule localité à 1.060 km à l’ouest de Brisbane, la capitale du Queensland. «Les gens ont peur de voyager dans l’outback parce qu’ils ne font pas confiance à la cartographie», explique à la chaîne publique ABC la directrice de ce musée consacré notamment aux dinosaures et à la mégafaune. Peter Homan, de l’Association du tourisme dans l’Outback du Queensland explique que les voyageurs sont souvent dissuadés par des inexactitudes «qui peuvent aller jusqu’à six ou sept heures» dans les temps de trajet annoncés par Google Maps. Des erreurs de cartographie ont également poussé des automobilistes à l’écart des routes principales en les envoyant sur des propriétés privées qui peuvent dépasser les 32.000 km2, une surface plus grande que la Belgique.
Des erreurs d’autant plus fâcheuses dans certaines zones particulièrement inhospitalières qui connaissent depuis des années des épisodes récurrents de sécheresse. «Vous pouvez conduire pendant une demi-journée avant de voir quelque chose qui va vous faire comprendre que vous n’êtes pas sur la bonne route, mais sur une propriété privée, car elles sont tellement grandes», explique M. Homan. Face au mécontentement de l’arrière-pays, le gouvernement du Queensland a décidé de demander des comptes à Google. «Nous sommes tellement dépendants de ces applications pour nous repérer dans les villes ou dans de grands Etats comme le Queensland», a assuré à ABC le Premier ministre par intérim du Queensland, Cameron Dick. «Google Maps fait tout son possible pour modéliser et refléter le monde réel avec précision», a indiqué dans un communiqué le géant américain. «Nous enquêtons pour voir ce qui a pu se produire et nous prendrons les mesures appropriées. Nous présentons nos excuses aux entreprises ou localités qui pourraient avoir été touchées de façon négative par des erreurs sur la carte».