Vingt ans après leur apparition sur Canal+, «Les Guignols de l’info» revendiquent la «cruauté» nécessaire de l’humour, et ne voient aucune raison de mettre fin à leur journal parodique, même s’ils reconnaissent détonner un peu dans une époque devenue plus «politiquement correcte».Les marionnettes en latex fêteront leurs 20 ans lundi sur Canal+, avec une émission spéciale à 20h45. Elles sont nées à la rentrée 1988, à l’initiative d’Alain de Greef, alors Directeur des programmes de Canal+, qui voulait une émission de quelques minutes avant 20h00, en contre-programmation du journal télévisé. Après des débuts incertains, Les Guignols, inspirés du programme britannique «Spitting Image», conquièrent les téléspectateurs lors de la première Guerre du Golfe, en leur proposant une vision acide du conflit à travers un journal parodique, à l’opposé des images aseptisées et des analyses d’experts des véritables JT. Avec 4 000 journaux derrière elle, l’émission a aujourd’hui rang d’institution, suivie quotidiennement par 2,5 à 3 millions de personnes. Mais le principe demeure inchangé: «essayer de montrer ce que les autres veulent cacher, en grossissant le trait évidemment», déclare Yves Le Rolland, producteur artistique de l’émission depuis 1995. ««Dénoncer» n’est pas un terme que j’apprécie, mais on montre juste qu’il peut y avoir un autre point de vue», ajoute-t-il. Les Guignols «sont un complément d’information, un exutoire. C’est un principe qui date de plusieurs siècles: se moquer des puissants fait du bien à tout le monde», précise le producteur artistique. Le penchant pour la boisson de la marionnette de Jean-Louis Borloo ne correspond guère à ce que constatent ceux qui côtoient le ministre de l’Ecologie. M. Le Rolland assume «la part d’injustice et de caricature» de l’émission.