L’Europe, et notamment le pôle d’activité grenoblois, bien placée pour prendre le tournant de l’intelligence artificielle (IA)

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Avec les nouveaux impératifs de réactivité des objets connectés ou de confidentialité des données, l’Europe, et notamment le pôle d’activité grenoblois, est bien placée pour prendre le tournant de l’intelligence artificielle (IA) embarquée, selon le CEA-Leti. L’IA de périphérie («edge AI») ou l’IA embarquée, consiste à rendre l’objet même ou son environnement immédiat intelligent, non par le cloud, via des composants électroniques dédiés.

Elle trouve ses applications par exemple dans la santé, où il faut sauvegarder les données localement pour en protéger la confidentialité, ou dans des secteurs industriels où la réactivité doit être quasi-immédiate, comme l’automobile. C’est une école différente de «celle, principalement chinoise ou américaine, où les données sont presque gratuites et où on peut en utiliser beaucoup», via le cloud, a expliqué lors d’une conférence de presse mercredi Emmanuel Sabonnadière, directeur du Leti, l’institut de recherche technologique grenoblois, pionnier dans les domaines des micro et nano-technologies.

A Grenoble, où cohabitent un pôle de recherche très pointu, et des entreprises leaders mondiaux comme StMicroelectronics (puces) ou Soitec (semi-conducteurs), «il y a eu longtemps la bagarre entre le hardware (le matériel) et le software (les logiciels). (Avec l’IA embarquée) on est obligés de travailler main dans la main», a souligné M. Sabonnadière. Il a noté qu’entre autres, beaucoup reste à faire pour rendre les processeurs moins gourmands en énergie. Il envisage «dix ans de développement sur ces questions», avec «des choses concrètes d’ici trois à cinq ans».

«L’IA ça a été de grandes périodes de glaciation suivies d’accélérations, là on est dans une phase d’accélération», a-t-il souri. M. Sabonnadière a indiqué ne pas craindre que l’expérience de la Chine ou des Etats-Unis dans l’IA en fasse des leaders naturels de l’IA embarquée : «Ce n’est pas parce qu’on est bon dans le cloud qu’on est bon dans le edge et vice-versa».

Relevant que Tesla a développé sa propre puce pour ses voitures autonomes, et que Google, Facebook, Amazon investissent également, M. Sabonnadière y a vu la preuve que les GAFAM «ont commencé à prendre conscience que la technologie est tout à fait différenciante pour eux et que le hardware devient clé».

«Des débats d’idées et de fond sont en train de se faire, et l’Europe est très bien positionnée pour pouvoir mener la réflexion à son niveau comme un partenaire complet sur la micro-électronique», a conclu M. Sabonnadière.