L’homme d’affaires tchèque et magnat des médias Daniel Kretinsky candidat au rachat de 100% d’Editis, selon «Le Figaro»

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L’homme d’affaires tchèque et magnat des médias Daniel Kretinsky a déposé une offre auprès de Vivendi pour acquérir dans sa totalité Editis, deuxième groupe d’édition français, affirme lundi le quotidien «Le Figaro». Le géant français des médias Vivendi est forcé de céder Editis, qui regroupe plus d’une cinquantaine de maisons (Robert Laffont, Plon, Julliard…), pour prendre le contrôle du groupe Hachette, filiale de Lagardère dont il possède 57% du capital. Il doit présenter dans les prochains jours son ultime proposition de «remèdes» aux autorités européennes de la concurrence, qui examinent les conséquences de ces opérations sur le secteur de l’édition et de la presse magazine. Le magnat tchèque a accéléré ces dernières années ses investissements dans les médias français via son groupe de presse CMI France («Elle», «Télé 7 jours», «Marianne»). Il est également co-actionnaire du Monde, a renfloué «Libération» à hauteur de 15 millions d’euros et possède plus de 5% du groupe TF1. Selon le «Figaro», «trois autres offres» ont été déposées, par le groupe de média italien Mondadori, propriété de Silvio Berlusconi, son homologue canadien Quebecor, et le groupe français Reworld. D’autres investisseurs précédemment évoqués, comme le producteur Stéphane Courbit (Banijay), l’entrepreneur Pierre-Edouard Stérin ou le milliardaire Xavier Niel, ne seraient plus dans la course. Vivendi privilégie depuis l’été une opération de cotation-distribution via laquelle le groupe Bolloré, actionnaire de référence du géant des médias, s’est engagé à revendre sa participation. Pour Bolloré, actionnaire de référence de Vivendi avec 29,5% des parts, cette méthode présente l’avantage de mieux valoriser sa part d’Editis et d’en capter directement le profit, sur le modèle de l’introduction en Bourse d’Universal Music Group en 2021. Les libraires et représentants d’auteurs, qui craignent une trop forte concentration du secteur, plaident plutôt pour une cession à 100% qui donnerait au repreneur les moyens de peser face à Hachette, une piste également privilégiée par Bruxelles qui a lancé à l’automne une enquête approfondie sur l’opération et doit rendre sa décision d’ici le 23 mai.Le 8 mars, Vivendi affirmait encore «poursuivre les discussions» avec la Commission européenne, et se donner une semaine supplémentaire pour répondre à la notification de griefs envoyée par l’autorité. «Le faible niveau de prix» proposé alors par les potentiels repreneurs avait forcé le groupe à dévaluer de 300 millions d’euros sa filiale, qu’il avait acquise en 2019 pour 829 millions d’euros, ce qui avait contribué à plomber sa perte nette, à plus d’un milliard d’euros en 2022. Sollicité, Vivendi n’avait pas réagi dans l’immédiat.