L’IA à l’honneur lors du festival du cinéma de Sundance

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L’IA, comme technologie et comme thème, sera au centre de l’attention en janvier lors du festival du cinéma de Sundance, dans les Rocheuses américaines, aux côtés de stars d’Hollywood comme Kristen Stewart et Jesse Eisenberg. Le programme de ce traditionnel festival du film indépendant, dévoilé mercredi, prévoit notamment un film musical «génératif» proposant une version différente à chaque diffusion et des documentaires sur des personnes voulant utiliser l’IA pour communiquer avec des proches après la mort. «L’IA va être une partie intéressante du festival cette année», a assuré sa directrice de la programmation Kim Yutani. «En préparant le festival, c’était frappant de constater qu’elle revenait constamment dans les films et nos discussions». Déjà bien présente dans l’industrie du cinéma, cette technologie et ses conséquences étaient au coeur des revendications des syndicats des scénaristes et des acteurs pendant leurs grèves respectives, qui ont grippé la machine d’Hollywood durant plusieurs mois cette année. Parmi les films qui seront projetés à Park City, dans les montagnes de l’Utah, «Eno» explore la carrière du musicien Brian Eno grâce à un «moteur génératif» qui propose un nombre de versions quasiment infinies du film en faisant des assemblages à partir de centaines de scènes possibles. «Un film qui n’est jamais deux fois le même… C’est quelque chose de nouveau», a souligné le nouveau directeur du festival Eugene Hernandez. Toujours dans la veine de l’IA, «Love Machina» est un documentaire qui suit les efforts d’un couple pour perpétuer au-delà de leur mort l’amour qui les lie, en transférant leur conscience à un humanoïde baptisé Bina48, tandis que «Eternal You» suit des start-ups qui veulent créer des avatars que des gens utiliseraient, contre paiement, pour rester en contact avec leurs proches après la mort de ces derniers. Quelque 90 programmes ont été sélectionnés pour cette édition 2024, du 18 au 28 janvier, du festival cofondé par Robert Redford, dont 85 en première mondiale. Parmi eux, deux longs-métrages avec Kristen Stewart dont Mme Yutani prédit qu’ils seront «deux des films qui feront le plus parler durant le festival». Dans «Love Lies Bleeding», l’ancienne star des «Twilight» interprète une responsable de salle de sport dont la relation avec une culturiste bisexuelle tourne mal. Elle est aussi à l’affiche de «Love me», film mystérieusement présenté comme une histoire d’amour «entre une bouée et un satellite» dans un monde post-humain. «Je n’en dirai pas plus», a ironisé la directrice de la programmation. «C’est tout ce que nous savions de ce film avant d’appuyer sur «play»». Jesse Eisenberg est également deux fois à l’affiche: en tant que réalisateur et acteur dans «A Real Pain» et comme acteur dans «Sasquatch Sunset», deux films ayant les liens familiaux en toile de fond. Dans «The Outrun», l’actrice américano-irlandaise Saoirse Ronan interprète une alcoolique qui quitte Londres pour la beauté sauvage de l’archipel écossais des Orcades. Le réalisateur Richard Linklater présentera «Hit Man», l’histoire d’un professeur un peu guindé qui se transforme en faux assassin, et la série documentaire «God Save Texas», portrait de sa ville natale, Huntsville, où se trouve un immense pénitencier. A quelques mois de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, et quelques jours après les premières primaires républicaines dans l’Iowa, le documentaire «War Game» portera à l’écran un jeu de rôle non scénarisé impliquant des vrais responsables américains devant réagir à un coup d’Etat après une élection contestée. «C’est clairement perturbant de savoir que ces jeux peuvent être très proches de la réalité», a remarqué Eugene Hernandez. «En cette année électorale, ce type de sujet permettra d’avoir des débats plus poussés».