Laurent Fabius a lancé lundi une «pétition populaire pour l’égalité audiovisuelle», afin que le temps de parole du président de la République soit comptabilisé et que cette règle soit inscrite dans la Constitution. Au cours d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, l’ancien Premier ministre socialiste a fait de l’adoption de cette mesure «une condition sine qua non de quelque vote que ce soit», précisant qu’il ne voterait «pas de changement constitutionnel si cette réforme n’y figure pas». Le député de Seine-Maritime demande que cette nouvelle règle figure dans le projet de réforme des institutions voulu par le président Nicolas Sarkozy et préparé par le Premier ministre François Fillon. Selon le texte de la pétition, mis en ligne sur un site dédié (http://www.egalite-audiovisuelle.fr), «l’équilibre de notre démocratie est bafoué puisque le temps de parole considérable du président de la République et de ses conseillers dans les médias n’est pas comptabilisé». «C’est pourquoi nous exigeons qu’une disposition constitutionnelle soit adoptée, qui impose désormais le respect d’une vraie règle des trois tiers pour les temps de parole audiovisuels: un tiers pour le président de la République, ses collaborateurs et le gouvernement, un tiers pour la majorité, un tiers pour les forces d’opposition», ajoute le texte. M. Fabius a rappelé que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) s’était opposé à une requête du premier secrétaire François Hollande et du député Didier Mathus visant à prendre en compte le temps de parole présidentiel alors que, selon Laurent Fabius, «les chaînes dégoulinent de la présence» de Nicolas Sarkozy. La règle actuelle est d’un tiers pour le gouvernement, un tiers pour la majorité, un tiers pour l’opposition. Le CSA a invoqué une décision du Conseil d’Etat, selon laquelle «le président de la République ne s’exprime pas au nom d’un parti ou groupement politique». M. Fabius a rappelé qu’un partage du temps d’antenne incluant le chef de l’Etat avait été «envisagé par la commission Balladur» de réforme des institutions. Il a dit «espérer convaincre le PS que cette question est beaucoup, beaucoup plus importante» que les autres aspects de la réforme institutionelle, y compris la possibilité ou non pour le président de s’exprimer devant l’Assemblée nationale. L’ex-président de l’Assemblée a encore précisé que si la réforme qu’il proposait était adoptée, «l’ensemble du dispositif (de la réforme institutionnelle) serait à examiner».