Médias: l’Italie devant la CEDH pour violation de la liberté d’expression

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Une société italienne de télévision a tenté de convaincre mercredi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) que l’Italie avait violé la liberté d’expression en l’empêchant d’émettre, sur fond de «conflit d’intérêt» impliquant l’empire médiatique fondé par Silvio Berlusconi. La société Centro Europa 7 avait obtenu en 1999 une concession pour la radiodiffusion télévisuelle par voie hertzienne au niveau national. Mais elle a dû attendre 2009 pour bénéficier d’une radiofréquence. Dans un contexte de pénurie des fréquences attribuables, les autorités italiennes avaient plusieurs fois prolongé l’usage par des chaînes existantes de radiofréquences qu’elles devaient libérer. La société a notamment mentionné la chaîne Retequattro, du groupe Mediaset fondé par l’actuel chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi. Devant la Grande chambre, la plus haute instance de la CEDH, elle a affirmé avoir été privée de sa liberté de communiquer des informations et avoir subi un traitement discriminatoire.
La non-attribution d’une fréquence a «perpétué la mainmise des opérateurs dominants» de la télévision, a estimé l’un de ses avocats, Me Roberto Mastroianni, qui, outre Mediaset, visait aussi les chaînes publiques de la Rai.Il a évoqué un «conflit d’intérêt d’une ampleur sans précédent» puisque les pouvoirs publics étaient entre les mains de «celui-là même qui possède le principal groupe privé du pays, donc un potentiel concurrent». Les avocats du gouvernement italien ont plaidé l’irrecevabilité de la requête.