Nicaragua: un cinquième candidat à la présidentielle arrêté dans le cadre d’une enquête pour agissements contre la souveraineté du pays

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Miguel Mora, candidat à la présidentielle du Nicaragua, a été arrêté dimanche dans le cadre d’une enquête pour agissements contre la souveraineté du pays, son arrestation s’ajoutant à celles de quatre autres candidats potentiels aux élections de novembre, a annoncé la police. 

M. Mora, qui est également journaliste, a été arrêté chez lui dimanche soir pour «incitation à l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures et appel à des interventions militaires», sur la base d’une loi que le gouvernement de Daniel Ortega applique aux opposants, a indiqué la police. 

M. Mora était candidat à la présidence pour le Parti du renouveau démocratique (PRD, parti évangélique), dont le statut légal a été révoqué par le tribunal électoral en mai, l’empêchant de participer aux élections du 7 novembre. 

Avec lui, cela porte à 17 le nombre d’opposants au gouvernement arrêtés – dont cinq candidats à la présidentielle – depuis début juin, à cinq mois des élections lors desquelles M. Ortega, 75 ans, au pouvoir depuis 14 ans, devrait briguer un quatrième mandat successif. 

La journaliste Cristiana Chamorro, fille de l’ex-présidente Violeta Chamorro (1990-1996), a été la première opposante arrêtée le 2 juin. Placée depuis en résidence surveillée, Mme Chamorro, 67 ans, était selon les sondages la candidate la plus populaire à l’élection présidentelle et la plus sérieuse rivale de Daniel Ortega. Elle est accusée de blanchiment d’argent via la Fondation de défense de la liberté de la presse qui porte le nom de sa mère. 

L’ancien diplomate Arturo Cruz, le politologue Félix Maradiaga et l’économiste Juan Sebastian Chamorro, cousin de Cristiana, ont également été interpellés. 

Miguel Mora était directeur de la chaîne 100% Noticias, fermée et désormais en format numérique. C’est la deuxième fois qu’il est emprisonné, après une première arrestation le 21 décembre 2018 pour incitation à la haine en vue de promouvoir des actes terroristes lors de manifestations anti-gouvernementales. Il a été libéré six mois plus tard en vertu d’une loi d’amnistie. 

Le gouvernement considère les manifestations de 2018, qui ont fait 328 morts et des milliers d’exilés, selon les ONG, comme une tentative de coup d’État visant à écarter M. Ortega du pouvoir. 

Daniel Ortega, un ancien guérillero qui a gouverné de 1979 à 1990, avant d’être battu dans les urnes par Violeta Chamorro, est revenu au pouvoir en 2007 avec le Front sandiniste de libération nationale (FSLN). 

Il a été réélu à deux reprises en 2011 et 2016 à la faveur d’une réforme constitutionnelle lui permettant de briguer de nouveaux mandats.