Nouvelle-Calédonie: le blocage du réseau social TikTok pas suspendu

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La plus haute juridiction administrative française «ne suspend pas le blocage» du réseau social TikTok en Nouvelle-Calédonie, décidé par le gouvernement, qui pointe son rôle dans les violences qui touchent l’archipel depuis dix jours, selon un communiqué publié ce jeudi 23 mai 2024.

La Ligue des droits de l’Homme, la Quadrature du Net et trois habitants de Nouvelle-Calédonie estimaient que ce blocage portait une atteinte grave aux libertés.

Le Conseil d’Etat a tenu compte du «caractère limité et temporaire de la mesure» d’interdiction, ainsi que de «l’intérêt public qui s’attache au rétablissement de la sécurité».

Il note également que «les autres réseaux sociaux et médias restent accessibles». «Il s’agit d’une décision consternante qui n’est pas à la hauteur des enjeux», a commenté l’avocat des requérants calédoniens, Me Vincent Brengarth.

Lors d’une audience houleuse mardi, la représentante du gouvernement avait mis en avant «la forte adéquation» du profil et de l’âge des émeutiers avec ceux des utilisateurs de la plateforme, afin de justifier son blocage, qui doit durer jusqu’au retour au calme.

Les requérants, eux, avaient unanimement dénoncé «l’absence d’éléments concrets qui prouvaient le lien présumé entre l’utilisation de TikTok et les violences», notamment des extraits de contenus issus du réseau social.

Les associations avaient également pointé l’absence de fondement légal solide et le caractère disproportionné du blocage.

Cette mesure d’interdiction du réseau social est également intervenue sur fond de craintes d’ingérences et de désinformation sur les réseaux sociaux de pays étrangers qui chercheraient à attiser les tensions, avaient encore justifié des sources gouvernementales et de sécurité, évoquant la Chine ou l’Azerbaïdjan.

En visite en Nouvelle-Calédonie, où il a rencontré loyalistes et indépendantistes, le Président Emmanuel Macron a promis jeudi de ne pas faire passer «en force» la réforme constitutionnelle à l’origine des émeutes.

Les violence ont causé, depuis le 13 mai, la mort de six personnes, dont deux gendarmes mobiles, ainsi que la destruction et le pillage de nombreux bâtiments et commerces.

Un retour à la vie normale s’est amorcé dans le centre de Nouméa, quadrillé par une forte présence policière.