Paris : des développeurs innovent tous azimuts grâce à l’IA

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Du jeu vidéo à la photographie en passant par les cryptomonnaies: une cinquantaine de développeurs réunis à Paris ont codé et innové tous azimuts grâce à l’intelligence artificielle générative, la nouvelle attraction de la tech qui a déjà permis de voir émerger le fameux ChatGPT. L’événement était organisé ce week-end par le fonds Frst, en collaboration avec le géant Amazon Web Services, qui fournissait gratuitement l’accès à toute son infrastructure de services informatiques, dans l’espoir de voir émerger la prochaine pépite de la «French Tech». Parmi la douzaine d’équipes en compétition, un groupe tente de rendre plus aisée l’utilisation des générateurs d’images virtuelles, grâce au logiciel Stable Diffusion. Avec seulement 3 ou 4 photos, au lieu de plusieurs dizaines aujourd’hui, il sera possible d’obtenir des faux clichés de soi habillé en pompier, en astronaute, en vacances ou au travail, expliquent Aziz Kanoun, ingénieur logiciel diplômé à l’Insa Lyon, et Thomas Cloarec, expert en apprentissage machine. L’objectif est de fournir des «images utilitaires», qui pourront être utilisées «sur LinkedIn ou sur Tinder», imagine ce dernier, qui a déjà lancé sa start-up spécialisée, Photogen AI. Pour Gabriel de Vinzelles, associé du fonds Frst, le week-end est l’occasion de réunir «des gens qui adorent coder et construire ensemble». «Certains projets étaient déjà lancés et trouvent ici l’occasion d’accélérer, de passer une étape», raconte l’investisseur, qui a dû choisir parmi plus de 200 candidatures. Lundi soir, un jury composé de 3 spécialistes doit récompenser le meilleur produit en fonction de «son utilité commerciale» et de sa «différenciation». Les jurés doivent également juger s’il «marche bien» et évaluer la qualité de la présentation. Quatre autres participants (dont la seule développeuse présente) veulent «brancher ChatGPT sur des jeux vidéo». Le robot conversationnel de la start-up californienne OpenAI, financée en partie par Microsoft, fait sensation depuis novembre 2022 par sa capacité à répondre à de nombreuses questions, malgré des biais et des erreurs. Il pourrait à terme générer en direct les répliques des personnages non-joueurs et leur donner vie. Mais le défi reste de taille puisqu’il faut «rendre l’IA utilisable et contrôlable» par les créateurs de jeux vidéo, expliquent les ingénieurs. Le projet reste aussi «très expérimental» car, s’il est plutôt rapide de faire appel à des modèles textuels de dernière génération, accessibles via internet, leur utilisation représente un coût financier important. Enfin, sur le plan environnemental, «l’apprentissage de la machine consomme beaucoup de ressources» et s’éloigne de l’éco-conception prônée par le gouvernement pour réduire l’empreinte du numérique, reconnaît Louis Sanna, développeur senior chez Ekimetrics. «Dans le futur, on voudra prioriser les usages, pour voir ceux qui sont superflus, ceux qui sont du luxe et ceux qui sont indispensables», dit-il. Pour Stanislas Polu, fondateur de la start-up française Dust et ex-employé d’OpenAI, développer avec une IA générative est «moins de l’ingénierie, où tout repose sur le code, qu’un processus créatif». Il faut notamment mobiliser le langage naturel pour inciter la machine à donner les meilleurs résultats. Par exemple, fournir quelques exemples à la machine pour préciser ses attentes ou demander à l’IA de détailler sa méthode pour arriver à un résultat permet d’améliorer considérablement la fiabilité de celui-ci, présente M. Polu. Les «grands modèles de langage» («Large Language Models») disposent également d’un paramètre nommé «Température» permettant d’adapter leur imagination, parfois appelée «hallucinations». Mais il restera toujours une part d’aléatoire, relève M. Polu. Et, si l’IA offre incontestablement, ajoute-t-il, des «capacités nouvelles», il faut «dans chaque secteur réinventer des produits et des usages qui prennent en compte ce caractère aléatoire».