Présidentielle: au théâtre ou dans les médias, la satire politique sur le pont «malgré une campagne morne»

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Au théâtre ou dans les médias, les humoristes sont eux aussi en campagne et s’en donnent à coeur joie pour commenter l’actualité politique, «malgré une présidentielle morne, apparaissant jouée d’avance». «Par rapport à 2017 avec des rebondissements quotidiens, cette campagne ne prend pas…», estime Stan, l’un des fondateurs des Goguettes.
Le groupe musical s’est fait connaître par des reprises parodiques. Actualité géopolitique oblige, «Ne me quitte pas» de Brel est devenu «Je ne flippe pas», avec la guerre en Ukraine, invitée surprise de la campagne. Ils fêteront l’entre-deux-tours à L’Olympia le 18 avril en détournant des succès de la chanson: «nous ne sommes pas des militants. On aime brocarder sans être dans l’insulte, ni la vulgarité».
Comme eux, Christophe Alévêque, Laurent Gerra, Stéphane Guillon ou encore les pensionnaires du théâtre des Deux Ânes, dernier haut lieu de l’art chansonnier, tentent de faire vivre cette campagne pas comme les autres. Même sans la situation en Ukraine, qui s’est imposée à la une de l’actualité, «cette présidentielle est atrophiée par l’absence de vrais débats», estime Jacques Mailhot, à la tête du théâtre des Deux Ânes qui, depuis plus d’un siècle, célèbre l’art de la satire politique. «Les primaires nous ont gâtés mais la campagne se termine en queue de poisson…», ajoute le chansonnier pour qui il faut éviter à tout prix de verser dans le poujadisme, sous couvert d’humour. «Le chansonnier est plus près du journaliste pas sérieux, avec un côté ubuesque et une écriture à fleurets mouchetés», poursuit Jacques Mailhot.
Au théâtre du Rond-Point, Christophe Alévêque surprend en «vieux con», titre de son nouveau spectacle : «l’ordre moral a fait basculer le libre penseur tendance «anar» que je suis dans le camp des vieux cons». Dépité par le forfait de Christiane Taubira dont il a milité pour la candidature en 2017, il se désole sur scène que «la parole soit de plus en plus cloisonnée». «Soit on est progressif soit on est «réac»…», confie-t-il. «Pour se sentir moins seul», il se produira le soir des deux tours pour commenter les résultats en direct. Stéphane Guillon, qui joue au théâtre Tristan-Bernard, à deux pas du QG d’Emmanuel Macron, fera de même pour le second tour.
Chroniqueur sur France Inter, Guillaume Meurice se transforme en candidat farfelu au Café de la Gare avant une tournée, en brocardant les stéréotypes des vrais prétendants. À l’affiche aussi d’un one man show sur l’actualité, Olivier Lejeune qui a animé les campagnes de 1974 et de 1981 avec son «Pot pour rire, Mr le Président !», propose un jeu de société pour animer les dimanches familiaux. Les enjeux ? «Séduire les électeurs avec des promesses». Un seul prétendant manque à l’appel: Eric Zemmour. L’éditeur du jeu, Lansay, ne croyait pas à sa candidature lors du lancement de la fabrication.
A la radio ou la télévision, Charline Vanhoenacker et Sophia Aram sur Inter, Philippe Caverivière et Laurent Gerra sur RTL, tout comme Nicolas Canteloup sur TF1, surfent aussi sur la campagne. Mercredi, avec la voix de Jean Castex, Laurent Gerra, suivi par 1,8 million d’auditeurs, promettait ainsi des «bonbons» en cas de vote Macron, et des fessées pour un bulletin Le Pen, Mélenchon ou Zemmour.