SES / Intelsat : nouveau projet de fusion dans la course à l’accès à internet depuis l’espace

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Nouveau projet de fusion dans la course à l’accès à internet depuis l’espace: l’opérateur européen de télécommunications par satellite SES a annoncé mercredi être en «discussions» avec son rival américain Intelsat concernant «un possible rapprochement», dans un secteur où ses concurrents ont déjà lancé les grandes manoeuvres. «A ce stade, il ne peut y avoir aucune certitude que l’opération se concrétisera», prévient toutefois SES dans un communiqué. Cette annonce intervient alors que le secteur de l’internet spatial tente de se consolider face aux constellations de satellites des milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos. Il attend notamment la fusion prochaine du français Eutelsat avec son homologue britannique OneWeb, qui doit être finalisée, selon eux, «au 2ème ou au 3ème trimestre» 2023, et celle de l’américain Viasat avec le britannique Inmarsat. Selon l’agence Bloomberg, le rapprochement entre SES et Intelsat aboutirait à la création d’un groupe pesant plus de 10 milliards de dollars – dette comprise -, à condition que l’opération soit autorisée notamment par le gouvernement du Luxembourg, premier actionnaire de SES. A la Bourse de Paris, le groupe européen a clôturé mercredi avec un titre en hausse de près de 3,71%, à 5,76 euros l’action, après avoir brièvement bondi à la mi-journée de plus de 10%. Intelsat revient de son côté de loin après s’être placé en mai 2020 sous le régime des faillites américaines et avoir entamé une vaste restructuration pour éponger sa dette. Lancé dans les années 1960 comme un consortium intergouvernemental chargé de promouvoir les télécommunications internationales par satellite, puis privatisé au début des années 2000, Intelsat possède plus de 50 satellites géostationnaires. SES a généré en 2022 un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros, en progression de 9%, mais a terminé son exercice comptable dans le rouge avec une perte nette de 34 millions d’euros. Ce projet de fusion concerne le secteur de l’internet spatial à haut débit en orbite basse (OTB), notamment utile pour desservir les régions isolées dépourvues de fibre optique. Ce marché est estimé à 16 milliards de dollars à l’horizon 2030, selon Eutelsat. Dans cette course, l’américain SpaceX d’Elon Musk a pris une longueur d’avance en s’imposant avec Starlink comme le 2ème fournisseur mondial d’internet par satellite, avec plus d’un million de clients, derrière l’opérateur historique HughesNet et ses satellites géostationnaires. Starlink a déjà mis en orbite près de 3.600 satellites et a été autorisé en décembre à déployer 7.500 des 30.000 satellites de la deuxième génération de sa constellation. Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, compte de son côté déployer plus de 3.200 satellites pour sa constellation Kuiper.Derrière ces projets américains, la Chine mise sur sa constellation Guowang de 13.000 satellites, tandis que l’Union européenne a officialisé fin novembre le lancement de sa propre constellation, Iris, destinée à sécuriser internet et ses communications sur tout le territoire de l’UE à partir de 2027. Les services historiques de l’internet par satellite passent par des engins en orbite géostationnaire, à plus de 35.000 km d’altitude. Mais leur éloignement fait qu’ils ne peuvent pas atteindre les performances d’une connexion à très haut débit, en raison notamment du délai entre la commande et l’exécution de la requête. Les futurs satellites, comme ceux déjà mis en place par Starlink, évoluent en revanche en orbite terrestre basse autour de la Terre, soit à quelques centaines de kilomètres d’altitude. Ces satellites, plus petits et «beaucoup moins chers» que les traditionnels satellites de télécommunications, permettent des communications à faible latence, c’est-à-dire avec un délai de transmission réduit, et donc plus rapides.