Succès d’une démonstration de la destruction d’un mini drone par laser en France

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La ministre française des Armées, Florence Parly, a assisté mercredi au succès de la démonstration de la destruction en vol d’un mini drone au moyen d’un laser, un système expérimental que les armées espèrent opérationnel en 2024. Selon le ministère, cette démonstration est la première du genre revendiquée par un pays européen, Etats-Unis et Israël étant plus avancés. La menace que représentent les drones «se multiplie, aussi bien en opération extérieures que sur le territoire national», a souligné le cabinet de la ministre en amont de la démonstration qui s’est déroulée à Biscarrosse (Landes), sur un site d’essais de la Direction générale de l’armement (DGA). Le phénomène est global. Mardi, deux drones piégés ont été lancés contre l’aéroport international d’Erbil au Kurdistan irakien, et lundi, les Américains ont abattu un drone piégé au-dessus de leur ambassade à Bagdad. Plus généralement, l’usage du drone est en train d’évoluer très rapidement comme l’ont montré les différents théâtres de conflit dans le monde, particulièrement la récente guerre au Nagorny-Karabakh, poussant les Etats à investir dans ce domaine, tant pour employer des drones que pour s’en prémunir. Le système testé mercredi remplit les trois objectifs de la lutte anti-drone, «détecter, caractériser, neutraliser», explique le cabinet de la ministre. Baptisé Helma-P et développé par la PME française Cilas, il consiste en un boîtier monté sur un trépied qui contient «un système de détection du drone, de pointage qui permet de le suivre et un laser qui permet de le neutraliser», selon le cabinet. Cette neutralisation peut se faire de deux manières: soit l’éblouir pour l’empêcher de s’orienter et donc l’immobiliser, soit «brûler le drone et le détériorer», ce qui se fait actuellement en un «délai inférieur à 10 secondes». L’objectif est de pouvoir l’utiliser en 2024, y compris sur le territoire national pour protéger des sites sensibles ou des rassemblements comme ceux des jeux Olympiques par exemple, explique le cabinet, tout en précisant que la doctrine d’emploi, notamment pour protéger les lieux et populations alentours des effets du laser ou de la chute des drones détruits était en gestation.  Le prototype testé permet de neutraliser des petits drones, aussi bien ceux qu’on trouve dans le commerce de quelques centaines de grammes, à ceux plus gros d’un poids inférieur à 100 kg. Il est capable de détecter un de ces engins jusqu’à 3 km, et de le neutraliser jusqu’à 1 km au moyen de son laser d’une puissance de 2 kilowatts. Pour mettre en musique l’action de la France dans la lutte anti-drone, la DGA a lancé cette année son programme Parade (Protection déployable modulaire anti-drones) qui prévoit des investissements d’environ 350 millions d’euros sur 11 ans. Actuellement, l’armée dispose notamment de systèmes de brouillages de drones Milad depuis 2017, déployés par exemple au Sahel. «Mais dans les années à venir on va constater une autonomisation croissante des drones qui va les immuniser au brouillage», selon le cabinet, rendant nécessaire de trouver d’autres moyens d’action, comme le laser, des drones intercepteurs (des démonstrations sont attendues fin 2022) ou des canons électro-magnétiques. Intitulé «Se préparer à la guerre des drones: un enjeu stratégique», un rapport sénatorial publié lundi salue le «rattrapage capacitaire» à l’oeuvre en France en matière de drones – les armées disposeront de plusieurs milliers de drones d’ici à 2025, contre quelques dizaines il y a quatre ans – mais presse les autorités d’étoffer le parc français et de faire de la lutte antidrones une priorité, y compris sur le territoire national où le nombre de drones, en majorité civils, est passé de 400.000 en 2017 à 2,5 millions aujourd’hui.