Syrie: le journalisme citoyen maintient le soulèvement en vie

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Défiant la censure, les journalistes citoyens syriens arrivent à faire sortir du pays images et témoignages sur l’ampleur de la répression visant le mouvement de contestation. «Le régime ne peut plus empêcher la diffusion d’informations ou d’images, les réseaux développés ces dernières semaines sont efficaces, ils permettent de suivre ce qui se passe dans chaque ville et village en Syrie», explique le militant syrien Ausama Monajed. Ausama Monajed dirige The Syrian Revolution News Round-up, un bulletin quotidien sur les manifestations et les violences qui se base sur des témoignages oculaires et diffuse des images prises à l’aide de téléphones portables, authentifiées autant que possible. Ce bulletin, parfaitement rédigé en anglais, arabe et français est par la suite envoyé aux groupes de défense des droits de l’Homme et aux médias internationaux. Les médias classiques et les nouveaux moyens de communication comptent désormais de plus en plus sur le journalisme citoyen – un terme seulement récemment introduit dans le lexique arabe – pour la couverture depuis la mi-mars des manifestations inédites contre le régime du président Bachar al-Assad. Comme d’autres Syriens à l’étranger, M. Monajed est en contact avec des opposants à l’intérieur, qui parfois risquent leur vie pour filmer la contestation. Les militants doivent parfois faire passer les images en cachette par la frontière aux pays voisins pour diffusion. «Les gens sur le terrain nous contactent, nous donnent des informations, des images, des contacts, et tout cela est traité et renvoyé au pays et aux médias classiques», explique M. Monajed joint par téléphone aux Etats-Unis. «Tout provient de l’intérieur et est monté à l’étranger».