T. JURGENSEN (Fun Radio/RTL2) : « Les auditeurs sont en recherche de contenus, de clarté et de diversité »

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A l’heure de la démocratisation des plateformes de streaming, certaines radios musicales parviennent à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de Fun Radio et RTL2 qui misent sur des rendez-vous incarnés et revendiquent un positionnement musical clair. C’est la stratégie menée par Tristan JURGENSEN, Directeur général de Fun Radio et RTL 2 (Groupe M6). Tour d’horizon des chantiers en cours.

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L’année dernière Fun Radio se transformait avec une nouvelle identité graphique et de nouvelles émissions et talents. Plus d’1 an après, quel bilan en tirez-vous ?

TRISTAN JURGENSEN

On s’inscrit dans le prolongement direct de ce qui a été annoncé l’an dernier : cela fait deux ans que nous travaillons sur une nouvelle identité graphique et sonore, ainsi que sur un nouveau format musical avec l’intégration du son latino venu compléter l’électro. Exit le claim : «le son Dancefloor» au profit d’«Enjoy the Music». Il y a encore plein de choses à faire, et notamment sur le digital. Cela fait partie de nos axes prioritaires de développement et de possibilité pour le média radio de recruter de nouveaux auditeurs : les bassins de recrutement sont clairement sur ces nouveaux bassins digitaux. La radio est un média très résilient où les choses se transforment lentement et dans la durée. Il n’y a rien de pire que de donner des coups de barre à un positionnement stratégique. Il faut tracer son sillon et sa ligne droite : c’est ce que font nos radios musicales Fun Radio et RTL2.

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Quels sont leurs points communs ?

TRISTAN JURGENSEN

Elles ont un positionnement musical très clair et affirmé. RTL2 joue depuis 27 ans le même segment Pop-Rock. Fun Radio investit depuis plus de 20 ans des musiques festives et up-tempo. Si l’on regarde la concurrence directe, beaucoup n’ont pas cette promesse musicale claire et se contentent de diffuser des hits ou la «meilleure musique». Même si le média radio est challengé par les nouveaux usages, des stations clairement identifiées comme les nôtres résistent mieux : ce sont des magasins spécialisés face à des bazars.

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Le digital est-il devenu une porte d’entrée pour recruter de nouveaux auditeurs ?

TRISTAN JURGENSEN

La radio est le média de la mobilité, et avec l’avènement des réseaux 4G et 5G, nous bénéficions d’une couverture pour être capté plus facilement. Pour cela, il est essentiel d’avoir des applications avec des fonctionnalités clés. Quand vous écoutez nos stations, vous pouvez naviguer dans le temps, mettre sur pause et reprendre le direct. Ce n’est pas encore le cas de tous les flux audio proposés sur les applications radio concurrentes. Nous fournissons aussi de l’information additionnelle sur la musique diffusée. Nous sommmes les premiers à avoir mis en place un widget permettant de lancer la radio sur l’écran d’accueil de l’iPhone sans avoir à le déverrouiller. Dans Waze, nous sommes aussi accessibles. Les radios restent ainsi ancrées dans le quotidien des gens.

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Vos grilles sont fortement incarnées. C’est ce qui les différencie des plateformes de streaming ?

TRISTAN JURGENSEN

Exactement ! Outre nos positionnements musicaux, il y a depuis longtemps l’envie d’incarner des rendez-vous. C’est particulièrement le cas pour Fun Radio, radio musicale jeune qui a toujours une promesse de divertissement. Bruno Guillon et son équipe assurent la plus longue matinale de France (de 5h00 du matin jusqu’à midi). Cartman a été avancé (de 19h00 à 22h00) pour être ramené à un carrefour d’audience plus stratégique. De 16h00 à 19h00, «Le Studio Fun Radio» investit la pop culture (séries, gaming…). Au total, 13 heures d’émissions incarnées sont proposées chaque jour. Le taux de musicalité de Fun Radio est aujourd’hui de 50 à 60% (contre 80% il y a 7 ans). Quant à RTL2, la musique occupe 75 à 80% du temps d’antenne. Cela ne nous empêche pas d’incarner de grands carrefours. Depuis que les sondages radio existent, la matinale «Le Double Expresso» (6h à 9h30) n’a jamais réuni autant d’auditeurs sur RTL2.

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Pourquoi ne pas avoir rallongé vos rendez-vous incarnés sur RTL2 comme vous l’avez fait sur Fun Radio ?

TRISTAN JURGENSEN

Parce que RTL2 a toujours été la station la plus écoutée sur le lieu de travail. Proposer de la musique à partir de 9h30 répond donc aux attentes de notre public. En revanche, on a développé un deuxième grand carrefour d’audience, «Le Drive», entre 16h00 et 19h00, avec des artistes qui viennent jouer des sessions acoustiques pour une promesse musicale authentique. Enfin, depuis la rentrée, nous avons passé «Pop Rock Station», l’émission Pop-Rock culte de Francis Zégut, en quotidienne, du dimanche au jeudi (22h00-minuit), avec l’arrivée de Marjorie Hache (ex OUI FM et NOVA) pour des découvertes musicales dans un joli écrin Pop-Rock.

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Comment faites-vous rayonner vos radios hors de leurs fréquences ?

TRISTAN JURGENSEN

Pour des marques radio musicales, il y a deux choses à faire : la première est d’aller à la rencontre des auditeurs. On s’appuie sur un réseau de stations locales avec une soixantaine de collaborateurs. On aime aussi délocaliser quand ça a du sens. La deuxième promesse est d’organiser des événements qui sont la plupart du temps des concerts. Outre les partenariats avec des artistes emblématiques, il y a les événements que l’on crée soi-même. Sur RTL2, ce sont des «Concerts Très Très Privés» chaque mois pour des moments intimistes avec une centaine d’auditeurs, mais aussi des plateaux Pop-Rock. Fun Radio, radio des DJ, a vocation à organiser des événements festifs et d’envergure dans des clubs ou des grandes salles.

MEDIA +

Des chantiers à venir ?

TRISTAN JURGENSEN

Oui, ils sont très différents en fonction des stations. Pour RTL2, nous sommes dans une recherche de continuité et d’amplification du succès de l’an dernier. Concernant Fun Radio, nous sommes sur la bonne voie. En dehors de l’incarnation par Bruno ou Cartman, la diversité musicale est bien plus grande que toutes les autres radios: on s’est d’ailleurs engagés à jouer 1.000 titres différents chaque mois. Le système de rotation des 40 mêmes titres est révolu. Les auditeurs sont en recherche de contenus, de clarté et de diversité.