Technologies vertes: les pays pauvres doivent se lancer dans l’aventure dès maintenant

130

L’industrie des technologies vertes pèsera des milliers de milliards de dollars d’ici 2030, mais les pays en développement doivent se lancer dans l’aventure dès maintenant s’ils veulent profiter de cette manne. Les pays riches ont déjà pris une longueur d’avance alors qu’il y a seulement trois ans, les exportations de technologies vertes des pays développés et des pays en développement étaient à peu près au même niveau, a averti l’Agence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) dans un rapport publié jeudi. Si rien n’est fait, les pays qui se lancent en premier vont se forger des avantages durables qui seront d’autant plus difficiles à rattraper par les pays moins riches, insiste la Cnuced. «Nous sommes au début d’une révolution technologique basée sur les technologies vertes», a déclaré sa directrice, Rebeca Grynspan, pour qui «rater cette vague technologique… aura des conséquences négatives à long terme». La Cnuced a estimé que 17 technologies de pointe, qui sont le fer de lance de l’innovation verte, pourraient créer un marché d’une valeur de plus de 9.500 milliards de dollars d’ici 2030, contre 1.500 milliards de dollars en 2020. Ces technologies comprennent l’intelligence artificielle, les véhicules électriques, l’hydrogène vert, les biocarburants, les nanotechnologies, la 5G, l’édition de gènes, la robotique, l’impression 3D, l’énergie éolienne et la chaîne de blocs. Elles peuvent être utilisées pour produire des biens et des services tout en réduisant l’empreinte carbone. Un enjeu crucial pour atténuer les effets du changement climatique. Les États-Unis et la Chine dominent actuellement ces domaines, avec 70% de tus les brevets déposés dans ce secteur. Les États-Unis, la Suède, Singapour, la Suisse et les Pays-Bas dominent le classement des pays qui sont le plus à même à adopter ce type de nouvelles technologies.Loin derrière, la Russie est classée 31e, la Chine 35e, le Brésil 40e, l’Inde 46e et l’Afrique du Sud 56e – le meilleur classement de tout le continent africain. Le classement de la Chine -pourtant très innovatrice – s’explique par une couverture internet inégale en milieu rural et une bande passante lente. Cependant, plusieurs pays asiatiques se surpassent, avec l’Inde 67 places au-dessus de son classement du PIB par habitant, les Philippines 54 places et le Vietnam 44 places ce qui en fait des candidats idéaux pour saisir les nouvelles opportunités.En revanche, l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Afrique subsaharienne sont mal partis. Les exportations totales de technologies vertes des pays développés sont passées d’environ 60 milliards de dollars en 2018 à plus de 156 milliards de dollars en 2021, tandis qu’au cours de la même période, les exportations des pays en développement – Chine incluse – sont passées de 57 milliards de dollars à environ 75 milliards de dollars. Au cours de ces trois années, la part des pays en développement dans les exportations mondiales est passée de plus de 48% à moins de 33%. La Cnuced a noté que les petits pays en développement ont non seulement peu de responsabilités dans le changement climatique, mais ils en sont aussi les premières victimes et ont le plus de mal à accéder à des technologies qui pourraient en limiter les effets. Pour le numéro deux de la Cnuced, Pedro Manuel Moreno, ces pays sont pris entre la promotion de la croissance économique et la protection de l’environnement. «Ils ont besoin de plus d’investissements, de plus de transferts de technologie et de plus de cohérence internationale entre les accords mondiaux sur le climat et le commerce», a déclaré M. Moreno.