La Procirep, la société des Producteurs de Cinéma et de Télévision, présentait hier matin au Studio 28 dans le XVIIIème arrondissement de Paris, la liste des sociétés en lice pour les prix du producteur français, du jeune producteur et le prix Export TV France international. Alexandre Cornu, producteur de documentaires pour «Les films du tambour de soie» et président de la commission «télévision», en profite pour nous parler de son métier en pleine mutation.
média+ : La procirep, qu’est-ce que c’est ?
Alexandre Cornu: La Procirep est l’équivalent de la SACEM pour la musique. Elle collecte des taxes sur les ventes de supports vierges. 25 % de ces revenus sont consacrés à l’aide à la création pour les secteurs de la fiction, de l’animation et du documentaire. Chaque mois, nous décidons de soutenir certains projets sur des critères de créations : l’intérêt du sujet, le traitement, le point de vue. Pour sélectionner les producteurs en lice pour «le Prix du Producteur français de télévision», ce ne sont pas tout à fait les mêmes critères. La sélection prend en compte la structure de production : ce qu’elle est, ce qu’elle fait, son catalogue. Ça prend en compte les films qu’elle a fait dans l’année en cours, les projets, sa capacité à les développer et à les exporter. Tout ce qui fait le travail du producteur. Pour désigner le lauréat du prix du producteur, nous prenons en compte l’entreprise. Pour le prix du jeune producteur que nous créons cette année, les critères sont différents. On se focalise sur les projets.
média+ : Votre métier est-il en train de changer ?
Alexandre Cornu : Le métier de producteur évolue énormément. Le débat est différent selon qu’il s’agit de fiction ou de documentaire. Dans le premier domaine, le 52′ est en train de prendre une place prépondérante. Les chaînes choisissent de concurrencer les séries américaines. Ça pousse les auteurs réalisateurs à faire du travail de groupe en atelier. Ça conduit à des principes de récit et d’écriture différents. Ça implique de réfléchir à des séries et non plus à des films uniques de 90′. Il y a aussi un grand travail de réactivité pour être en phase avec la société. Les producteurs proposent des personnages bien plus creusés. Il existe de vrais ponts entre documentaire et fiction. Le documentaire dit «de création» ou «d’auteur» est un genre qui est reconnu et qui passe en prime time sur pas mal de chaînes. On nous demande beaucoup de raisonner un peu comme en fiction, d’écrire très précisément les séquences, de décrire les situations. Ça s’étend un peu sur tous les genres. C’est de plus en plus difficile quand un thème comme la danse ou le théâtre ou quand on produit des premiers ou des seconds films avec de jeunes auteurs.
média+ : Quelle sera l’influence de la télévision mobile et de la VOD sur le métier de producteur ?
Alexandre Cornu : Ça, c’est un souci, surtout chez les producteurs du secteur animation. Ils disent déjà qu’ils sont dans des contraintes différentes. Ils travaillent sur des formats spécifiques plus courts qu’on peut retrouver sur son mobile. Sur le documentaire, c’est nettement moins vrai. Ce qui change pour l’instant c’est la VOD. Les chaînes ont la sensation qu’elles travailleront moins sur des carrefours, des points de rencontre, mais plus «à la carte». C’est ce que veut le téléspectateur. Ce qui va changer à mon avis, c’est qu’on produira moins pour des cases et plus pour des téléspectateurs qui ont des choix plus vastes. Je pense que la VOD va prendre de plus en plus de place. Pour le moment, ça intéresse peut-être plus la fiction ou le flux.