Vente du «Telegraph»: la famille Barclay rembourse une dette de 1,2 milliard de livres (1,4 milliard d’euros) à la banque Lloyds

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La famille Barclay, propriétaire du journal britannique The Telegraph, a remboursé une dette de 1,2 milliard de livres (1,4 milliard d’euros) à la banque Lloyds, ouvrant la voie a une reprise du groupe de médias par un fonds américano-émirati qui inquiète Londres.

La banque britannique Lloyds, créancière des Barclay, a mis en vente en octobre le Telegraph pour éponger de lourdes dettes accumulées par la famille qui en est propriétaire depuis 2004. Mais une coentreprise entre le fonds américain Redbird et le fonds d’investissement dans les médias d’Abou Dhabi (IMI) a récemment passé un accord avec la famille pour rembourser sa dette, en échange de la prise de contrôle du groupe. Le remboursement «est désormais terminé», a confirmé Lloyds lundi dans une déclaration.

«Nous sommes toujours désireux de travailler de manière constructive avec les clients qui rencontrent des difficultés avec leurs remboursements pour parvenir à une solution à l’amiable».

La prise de contrôle par cette coentreprise, baptisée Redbird IMI, de l’un des plus influents groupes de presse britanniques, qui comprend le quotidien conservateur «The Telegraph» et l’hebdomadaire «Spectator», suscite des inquiétudes dans la classe politique outre-Manche. Redbird IMI, qui a en vertu de l’accord la possibilité de convertir un prêt en actions du groupe de médias, a assuré qu’il ne prendrait pas le contrôle de l’entreprise sans avoir obtenu au préalable l’approbation des autorités concernées. Or le gouvernement britannique a annoncé jeudi qu’il interviendrait dans le processus au nom de «l’intérêt public», en demandant notamment des rapports à l’autorité de la concurrence (CMA) et au régulateur des médias, qui devront être rendus d’ici au 26 janvier.

L’exécutif a souligné dans un communiqué «la nécessité d’une présentation précise de l’actualité et d’une libre expression de l’opinion dans les journaux», et pourrait décider de bloquer l’opération. La coentreprise a assuré que le fonds émirati «sera seulement un investisseur passif» et que le fonds américain «seul prendra le contrôle de la gestion et de la responsabilité opérationnelle des titres sous la direction» de l’ex-patron de CNN, Jeff Zucker, directeur général de RedBird IMI. Le remboursement de la dette signifie aussi que le processus de vente du Telegraph, qui avait notamment suscité l’intérêt du groupe de presse allemand Axel Springer, éditeur du tabloïd Bild, et DMGT, maison-mère notamment du tabloïd de droite The Daily Mail, n’est plus d’actualité, a indiqué une source proche du dossier.