Wikipédia : avec les bénévoles dans les coulisses de l’encyclopédie

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«J’en bloque deux et j’arrive» : «L.», une quadra décidée, fait sa «patrouille» quotidienne sur Wikipédia, pour museler ceux qui truffent de gros mots l’encyclopédie en ligne, née il y a exactement quinze ans. Chaque premier samedi du mois, une poignée de «Wikipédiens» -les bénévoles qui rédigent l’encyclopédie- tiennent une permanence à la Cité des Sciences de La Villette pour populariser leur mission. Passionnés de connaissance partagée, adeptes de l’économie collaborative, ils ont de 16 à 66 ans et consacrent leur temps libre à écrire des articles sur les sujets les plus divers ou corriger les fautes qui traînent sur les pages. En quinze ans, ce rêve d’un savoir créé par tous et disponible gratuitement pour tous est devenu réalité. Y compris pour Wikipédia en français, qui avec ses 1,6 million d’articles, vient en 2e place derrière la version anglophone. Le fruit des efforts de 97.000 contributeurs, dont 600 nouveaux chaque mois.   N’importe qui peut modifier n’importe quoi, tant que l’information est sourcée (livres, articles…) et tous traquent les erreurs. Et ça marche : le site est devenu un réflexe pour les internautes, le 10e site le plus consulté de France avec 900 millions de pages vues et 16 millions de visiteurs uniques par mois. Le contributeur type est un homme, à plus de 80%, plutôt trentenaire, plutôt diplômé, plutôt blanc. C’est le cas de «CMI», auteur d’articles sur la Pologne au XXe siècle, un sujet qui le passionne. «J’ai commencé à cause d’une faute d’orthographe, comme la plupart d’entre nous. Après c’est trop tard, on met le doigt dans l’engrenage», sourit ce jeune homme barbu, fier de participer à ce qu’il appelle une «utopie agissante». «Pour commencer, pas besoin de créer ni compte ni pseudo: on n’apparaît qu’avec son adresse IP. Je corrigeais des fautes, 5’ de temps en temps. Puis j’ai eu envie de faire du fond. Je suis devenu contributeur identifié (avec compte et pseudo) en 2013».