Accord entre studios et acteurs: Hollywood va-t-il pouvoir en finir avec la grève ?

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Hollywood va-t-il pouvoir en finir avec la grève de ses acteurs ou va-t-il replonger dans la tourmente ayant paralysé le secteur ces derniers mois? C’est tout l’enjeu du vote qui se termine mardi pour valider ou non l’accord obtenu de haute lutte entre studios et comédiens. Cette ratification a beau être largement vue comme une formalité, l’industrie semble nerveuse, car les termes de la nouvelle convention collective suscitent l’opposition nette de certains acteurs, qui estiment ne pas être assez protégés contre l’usage de l’IA. «Le contrat est merdique», estime ainsi Michael Vaccaro, qui compte parmi les dizaines d’acteurs engagés publiquement contre la ratification. «J’ai voté contre. Et je suis tout à fait prêt à reprendre la grève. Absolument, à 100%», a assuré le comédien. «En signant ce contrat, nous ne gagnons rien. En reprenant la grève, on peut gagner beaucoup.» Les 160.000 comédiens, cascadeurs, danseurs et autres membres du syndicat SAG-AFTRA ont jusqu’à mardi 17h00, heure de Los Angeles (01h00 GMT mercredi) pour voter et entériner l’accord avec une simple majorité. En cas de refus, les négociations devraient reprendre avec les studios. Pendant ce temps, les acteurs pourraient aussi décider d’entamer une nouvelle grève. L’opposition ne semble toutefois fédérer qu’une minorité d’acteurs, selon Jonathan Handel. Pour cet avocat spécialiste de l’industrie du divertissement, un vote avec entre 75 et 85% de voix en faveur de la ratification constitue «une attente réaliste». Conclu après 118 jours de grève, l’accord comprend notamment une revalorisation importante des salaires minimums et un système de primes pour les acteurs tournant dans un film ou une série qui rencontre le succès lors de sa diffusion en streaming. Il prévoit aussi d’instaurer des garde-fous contre l’utilisation de l’IA, une première. Le conseil d’administration du SAG-AFTRA l’a approuvé début novembre par un vote de 86% de ses membres. Depuis, le syndicat multiplie les réunions, e-mails et publications sur les réseaux sociaux pour exhorter sa base à faire de même. «C’est le contrat le plus lucratif, le plus innovant et le plus protecteur de l’histoire des syndicats du divertissement», vantait encore récemment sur Instagram sa présidente Fran Drescher. Malgré ce service après-vente appuyé de la star de la série «Une Nounou d’Enfer», des craintes, notamment sur les questions liées à l’IA, ont émergé à mesure que les détails de l’accord ont été dévoilés. Les interprètes craignent d’être bientôt remplacés par des «acteurs» entièrement numériques, générés par l’IA en assemblant des parties de corps de nombreux humains différents à partir d’archives cinématographiques. L’accord n’empêche pas les studios d’utiliser l’IA, mais il contient une clause les obligeant à informer le syndicat chaque fois que cette technologie est utilisée. Le SAG-AFTRA aurait alors le droit de négocier des compensations au nom des acteurs concernés, même si les critiques affirment qu’ils seraient difficiles à identifier. Les opposants à la ratification jugent également que l’audience requise pour engendrer le versement d’une prime liée à la diffusion en streaming est trop élevée, ce qui ne bénéficierait qu’aux acteurs les mieux lotis. Les résultats du vote sont attendus mardi en fin de journée. «En raison de l’opposition, les gens se demandent naturellement si le projet va être adopté, ce qui entraîne une certaine nervosité et une certaine inquiétude», reprend l’avocat spécialiste Jonathan Handel. «Mais je pense qu’il est très probable que cela passe. Il serait très surprenant que ce ne soit pas le cas».