Clap de fin pour l’édition papier du journal viennois «Wiener Zeitung», fondé en 1703

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Il a été fondé en 1703, du temps de l’empire des Habsbourg, et a survécu aux tumultes de l’histoire mais après des années d’incertitude, l’édition papier du journal viennois «Wiener Zeitung» va finalement disparaître.

Le Parlement autrichien a voté jeudi une loi sur les médias, incluant une clause signant la fin à compter du 1er juillet de ce quotidien parmi les plus vieux au monde, selon l’Association mondiale des journaux (AMJ). Il continuera cependant à exister sur internet, avec la possibilité de publications papier ponctuelles «en fonction des fonds disponibles».

Le journal, né sous le nom «Wiennerisches Diarium» avant d’être rebaptisé en 1780, avait été nationalisé au 19e siècle par François-Joseph 1er et appartenait actuellement à la République d’Autriche.

Outre la partie purement éditoriale demeurée indépendante, il servait depuis lors comme Journal officiel, publiant des textes juridiques et des informations relatives aux entreprises autrichiennes.

Wiener Zeitung vit essentiellement des revenus tirés de cette activité mais celle-ci va désormais être confiée à une plateforme en ligne, le gouvernement expliquant avoir agi en vertu d’une directive européenne sur les outils numériques.

La rédaction a dénoncé en amont du vote un projet «destructeur» qui la prive des fonds suffisants pour continuer à imprimer le quotidien. La marque riche de 320 ans d’histoire va certes subsister, «mais personne ne sait quel sera l’avenir de la publication: est-ce que ce sera encore du journalisme rigoureux», s’insurge le rédacteur en chef adjoint Mathias Ziegler.

«Nous avons toujours dit qu’il fallait trouver d’autres sources de financement mais le problème n’a jamais été traité sérieusement par le passé», a-t-il dit. Près de la moitié des 200 employés, dont 40 journalistes, pourraient être licenciés, d’après le syndicat.

Le tirage s’élève actuellement à 20.000 exemplaires en semaine, un chiffre qui double le week-end. Plusieurs centaines de personnes étaient descendues dans la rue mardi, dans une ultime tentative pour «sauver le journal».

«La démocratie a besoin de médias de qualité», pouvait-on lire sur une banderole, alors que la presse tabloïd autrichienne a été secouée ces derniers mois par des scandales de corruption.

Interrogée par l’agence APA, la vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova a regretté cette issue, saluant «le rôle utile» joué par Wiener Zeitung au fil des ans.