Crash «Dropped»: la société de production ALP condamnée en appel pour «faute inexcusable»

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La société de production ALP a été condamnée en appel «pour faute inexcusable» à indemniser la famille d’un caméraman victime de l’accident d’hélicoptères survenu sur le tournage de «Dropped» (TF1), en mars 2015 en Argentine, a indiqué jeudi la cour d’appel de Versailles.Cette décision confirme le jugement du tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) des Hauts-de-Seine du 20 avril 2018, qui avait condamné la société SAS Adventure Line Productions (ALP) à verser à la veuve, à la mère et aux deux jeunes enfants du caméraman Laurent Sbasnik un total de 120.000 euros de dommages et intérêts. ALP doit également rembourser à la Caisse primaire d’assurance maladie des Hauts-de-Seine près de 400.000 euros de majorations de rente. Le 9 mars 2015, le tournage de ce jeu d’aventures avait tourné au drame : deux hélicoptères étaient entrés en collision en plein vol, causant la mort de dix personnes dont trois sportifs français de haut niveau, la navigatrice Florence Arthaud, le boxeur Alexis Vastine et la nageuse Camille Muffat, ainsi que plusieurs personnes employées par la société de production ALP. L’émission devait être diffusée durant l’été 2015 sur TF1. Les sportifs français devaient être largués dans des zones isolées et mis au défi de retrouver la «civilisation» en moins de 72 heures. Laurent Sbasnik, mort à l’âge de 40 ans, était chargé de filmer «portes ouvertes, harnaché et dans une configuration de vol dangereuse» ces deux hélicoptères évoluant «en formation rapprochée», soulignait le TASS en 2018. Cela comportait donc «des risques particuliers pour sa santé et sa sécurité» sans qu’il ait «obtenu l’information et/ou la formation appropriée», précisait cette décision. 

Le 17 février dernier, la société Adventure Line Productions, poids lourds des jeux télévisés d’aventure tels que Koh-Lanta ou Fort Boyard, a été mise en examen pour «homicides involontaires». Cette nouvelle étape, prélude à la décision sur un éventuel procès, était attendue après de précédentes mises en examen: celle en février 2019 du Suédois Peter Högberg, «chargé de sécurité lors du tournage», puis en octobre 2020 de Nicolas Roussel, directeur de production de l’émission. Les juges français soupçonnent désormais une «faute caractérisée» des mis en examen: avoir sous-évalué le budget affecté aux moyens aériens et privilégié les critères financiers dans le choix des pilotes et des hélicoptères, «au détriment de la sécurité des personnes».