Demi Moore à contre-emploi dans «The substance», un film d’horreur féministe

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Prix du scénario à Cannes, «The substance», film d’horreur féministe de la Française Coralie Fargeat, met en scène Demi Moore en ancienne gloire du fitness à la télé en proie à l’injonction de vieillir «jeune». La substance qui donne son titre au long métrage en salles mercredi permet à la personne qui se l’injecte de produire une «meilleure version d’elle-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite».

Pour Elisabeth Sparkle (incarnée par Demi Moore, épatante au fur et à mesure qu’elle vieillit artificiellement), remerciée par son employeur à 50 ans, la tentation est grande. Ainsi «naît» son avatar Sue (l’Américaine Margaret Qualley, aussi convaincante angélique que démoniaque), qui va marcher dans ses pas face à un producteur grossier incarnant le patriarcat (Dennis Quaid). Seule condition pour ne pas se mettre mutuellement en danger, toutes deux doivent partager leur temps dans le monde extérieur de manière égale. Or Sue en veut toujours plus…

A la réalisation d’un premier film d’horreur sur le viol («Revenge», en 2018), Coralie Fargeat porte cette fois son regard sur le corps féminin, «problématique plus jeune, quand il n’est pas parfait ou trop gros, puis quand il vieillit». «Ca a un impact massif dans la vie des femmes et conditionne énormément de choses dans la société. Notre corps nous définit, génère des inégalités et de la violence, de notre propre part aussi. On est amené de manière quasi obligatoire à le détester d’une manière ou d’une autre et on peut devenir notre premier instrument de torture», développait la réalisatrice de 48 ans, interrogée à Cannes. Celle-ci illustre son propos «de manière hyperbolique» à coup d’aiguilles et de sang, «symboles de la violence de ce qu’on doit endurer en tant que femme».

L’image soignée, dans un Hollywood de fiction entièrement recréé en France, les explosions gore, tantôt écoeurantes tantôt comiques, et les actrices portent «The Substance», 2h20 tout de même.

«Elles ont été assez incroyables, elles ont pris vachement de risques», estime la réalisatrice. «On sent que le film est incarné, il y a quelque chose qui s’est passé entre elles».

Quant à Demi Moore, «ce que je trouve génial, c’est qu’elle n’a pas eu peur ni de se dévoiler, ni du ridicule. C’était un saut dans l’inconnu et elle y est allée, elle n’a rien lâché».

«C’était le meilleur des défis. Je cherche toujours des matériaux qui me poussent hors de ma zone de confort», faisait écho l’Américaine en conférence de presse à Cannes. Actrice emblématique des années 1990 («Ghost», «Striptease», «À armes égales»), cette dernière était pour la 1ère fois, à 61 ans, à l’affiche d’un long-métrage sur la Croisette.

«C’est le début d’un 3ème acte dans la carrière de Demi, c’est inspirant», résumait alors son partenaire à l’écran, Dennis Quaid. Même si la comédienne ne s’est jamais sentie «effacée» à cause de son âge, «cette expérience très brute, qui me demandait d’être vulnérable et de m’exposer physiquement et émotionnellement, m’a permis de mieux m’accepter comme je suis», concède-t-elle. Et d’ajouter, en pleine vague #MeToo, «on n’est pas contre les hommes, juste contre les cons».